Mikaella Clapisson et Beñat Gachen

L’égalité femmes - hommes au cœur du G7 ? Vraiment ?

L'association les Bascos, et de nombreux mouvements politiques avaient appelé à se mobiliser. ©GuillaumeFauveau
L'association les Bascos, et de nombreux mouvements politiques avaient appelé à se mobiliser. ©GuillaumeFauveau

Au-delà des débats sur l’utilité, l’opportunité ou les conditions de la tenue du G7 à Biarritz, revenons sur la volonté affichée par la présidence française du G7 de faire de la lutte contre les inégalités femmes-hommes, une de ses priorités. Intention louable sans aucun doute, mais peut-on être un brin optimiste ?

Il y a certes des déclarations sous forme de prise de conscience : “Les femmes et les filles sont les premières touchées par la pauvreté, les conflits, les conséquences du réchauffement climatique, elles sont les premières victimes des violences sexistes et sexuelles qui les empêchent trop souvent de circuler librement, de travailler, de disposer de leur corps selon leur choix” (Emmanuel Macron devant les Nations unies en septembre 2018). Mais dans les faits… les ministres des finances des pays du G7 réunis à Paris en juillet viennent de refuser la moindre hausse significative de budget pour la défense des droits des femmes.

Plus près de nous encore, le budget du secrétariat d’Etat de Marlène Schiappa, pourtant le plus petit budget de l’Etat (0,0066 % du budget du pays !), serait visé par une coupe budgétaire… C’est dire !

Pire, des droits durement conquis sont maintenant remis en question dans certains pays du G7 : l’Italie de Matteo Salvini n’a de cesse de s’en prendre aux droits des femmes. Aux Etats-Unis pas moins de 53 restrictions au droit à l’avortement ont été adoptées par les Etats entre janvier et juin 2019, et le président Trump vient de gagner en justice concernant le soutien financier accordé aux centres de planning familial qui ne pourront désormais plus promouvoir l’avortement… à moins de renoncer à leur subvention annuelle.

Alors mettre en avant des thématiques dites “féministes” avec de tels partenaires et sans les accompagner de mesures concrètes et financières risque in fine de transformer les meilleures intentions de la présidence française du G7 en simple affichage publicitaire, sans rapport avec la réalité, bref en peu reluisante opération de… purplewashing.

Alors que pourrions-nous espérer pour que le G7 soit vraiment féministe ? Les mouvements de la société civile des pays du G7 et des pays en développement investis sur la question des droits des femmes au sein du mouvement Women 7 et dont nous pouvons découvrir en ce moment les affiches sur tout le BAB indiquent quelques pistes sérieuses et notamment :

– L’ inclusion des femmes et des filles, y compris les militants féministes, dans les discussions et les prises de décision dans leur propre pays et au sein d’instances internationales comme le G7.

– Des engagements financiers concrets et conséquents pour l’égalité de genre permettant de financer des politiques publiques ambitieuses et d’augmenter les financements alloués aux associations féministes partout dans le monde.

– Le soutien à l’autonomisation économique des femmes partout dans le monde et l’accès au travail décent dans un environnement sûr et dénué de toute forme de violence.

– Le soutien à l’émancipation des adolescentes, à travers une éducation de qualité, inclusive et équitable ; aucune avancée significative pour l’égalité réelle ne saurait exister sans une politique d’éducation volontariste des Etats permettant aux filles à égalité avec les garçons de prendre toute leur place et ce dès le plus jeune âge ; les inégalités de genre s’ancrent en effet très tôt, y compris à l’école, et il y a nécessité d’une prise de conscience de cette hiérarchie insidieuse, entre filles et garçons, qui se transmet quotidiennement.

– L’amélioration enfin de l’accès aux services de santé, en particulier la santé et les droits sexuels et reproductifs.

Seules de telles décisions permettraient d’avoir un impact concret et durable sur la vie des femmes et des filles partout dans le monde. Et encore, faudrait-il aussi que soient prises en compte toutes les femmes, y compris les femmes qui aiment les femmes, et qui sont totalement oubliées, totalement invisibles et absentes de tous les programmes ou recommandations.

Depuis des mois, des féministes se mobilisent dans les pays du G7 et au-delà pour pousser les Etats à s’engager pour les droits des femmes ; mais leurs voix seront-elles entendues par les dirigeants lors du sommet de Biarritz ? Rien n’est hélas moins sûr.

Le compte à rebours est enclenché : #FeministsCount.