Béatrice MOLLE-HARAN

Joindre l’urgence sociale et l’urgence climatique

Dans l’amphithéâtre archicomble du Ficoba et dans le cadre du contre- sommet anti G7, Eric Beynel porte- parole de Solidaires, Jean-François Julliard directeur général de Greenpeace, Garbiñe Aramburu secrétaire générale du syndicat LAB, Philippe Martinez secrétaire général de la CGT et Aurélie Trouvé porte-parole d’Attac ont débattu autour du thème “Fin du monde, fin de mois, même combat”. Le débat était animé par Christophe Aguiton d’Attac.

Philippe Martinez de la CGT et Garbiñe Aranburu ont participé à la même table ronde, jeudi à Ficoba. © Jon URBE/FOKU
Philippe Martinez de la CGT et Garbiñe Aranburu ont participé à la même table ronde, jeudi à Ficoba. © Jon URBE/FOKU

Pour Eric Beynel porte-parole de Solidaires "Fin du monde, fin de mois, même combat" est peut-être un concept un peu exagéré. "Il y a plusieurs urgences à traiter en même temps et du côté des syndicats il faut apprendre à décloisonner et appeler à des actions unitaires nécessaires." Le leader syndicaliste a évoqué le problème du nucléaire, de la chimie et de l’automobile employant des centaines de milliers de salariés : "Comment faire ensemble ? On ne peut pas opposer lutte sociale et lutte écologique, on ne peut pas opposer les luttes."

Même constat pour le directeur général de Greenpeace Jean-François Julliard rappelant que son organisation boycottera le sommet officiel du G7, l’Etat français pour la première fois selon lui n’ayant pas donné l’accès aux médias internationaux, à la salle de conférences ainsi qu’à plusieurs ONG. "Joindre l’urgence sociale et l’urgence climatique, c’est une urgence. Car c’est une injustice de destin, ce sont les populations les plus démunies qui souffrent. On ne peut plus se contenter de mesures environnementales ne prenant pas en compte l’urgence sociale. Cela n’a pas toujours été le cas. Pendant des années on disait il faut sortir du nucléaire et peu importait les 200 000 salariés de ce secteur. Désormais nous avons élaboré notre propre scénario de transition écologique prenant en compte cette réalité sociale".

20 septembre, grève et marche pour le climat

Philippe Martinez secrétaire général de la CGT dont le syndicat participera à la grève climatique du 20 septembre comme les organisations présentes lors de ce débat a expliqué que pour lui la notion "fin du mois, fin du monde, même combat" avait du sens. "On ne pourra pas discuter de l’urgence climatique si le problème des fins de mois n’est pas réglé. En France il y a douze millions de personnes en précarité énergétique, ils voudraient consommer de l’eau, de l’énergie et se chauffer, mais ils ne peuvent pas le faire. Notre grand problème aujourd’hui c’est que l’on ne se parle pas. On culpabilise les salariés, mais on oublie l’exemple des luttes de la SNCF en 2018. C’était un combat social et écologique. Remplacer le train par le tout camion. Par ailleurs, il faut identifier les vrais pollueurs. La forêt amazonienne est en train de brûler, c’est la responsabilité du capital et des capitalistes. Cessons de culpabiliser le citoyen lambda qui roule avec une voiture de 20 ans. Défiler ensemble le 20 septembre est un très bon signe pour cette rentrée".

Garbiñe Aramburu secrétaire générale de LAB, a présenté une photo du Pays Basque : 3 millions d’habitants, un petit pays dynamique aux nombreuses mobilisations englobant plusieurs secteurs. Avec tant au Sud comme au Nord la droite aux manettes des institutions. Concernant la transition écologique, la secrétaire générale de LAB a désigné les responsables : le capitalisme engendrant un déficit démocratique et empêchant toute justice sociale, tout en prônant pour lutter contre ces maux le droit à l’autodétermination et la transition écosocialiste.

"Un seul et même système"

Aurélie Trouvé porte-parole d’Attac a proposé comme pistes, de rompre avec le néolibéralisme mais aussi avec la productivité. Constatant cependant qu’aujourd’hui encore une partie de la gauche porte cette idée. La porte-parole d’Attac a cité René Dumont : "C’est un seul et même système qui organise l’exploitation des travailleurs et la catastrophe écologique." Et d’ajouter qu’une diminution de la consommation était plus que nécessaire, ainsi que la sobriété. Aurélie Trouvé a rappelé que les premières victimes du changement climatique étaient les travailleurs défavorisés vivant dans des endroits où la pollution était massive. Et d’en appeler à la mise en place de politiques publiques concernant la gestion des cantines et l’alimentation, ainsi que l’utilisation d’argent public pour mener à bien la rénovation énergétique dans les foyers.

Après ces diverses interventions est venu le temps des questions de la salle. Avec la problématique des Gilets jaunes, et le rôle des syndicats face à ces nouveaux types de luttes, et la nécessité d’un nouveau type de rapports entre syndicats. "Nous avons un adversaire commun qui lui n’est pas divisé " a lancé une militante syndicaliste en guise de conclusion.