Jean-Philippe Viaud

Faire de la politique sans conviction, ou faire de la conviction, sa politique

Jean Philippe Viaud est chroniqueur pigiste à France Télévisions. © DR
Jean Philippe Viaud est chroniqueur pigiste à France Télévisions. © DR

A force d’entendre jour après jour, voisins, parents, amis, quidam de rue ou de comptoir, dire : “Moi, la politique et les politicards, je n’en peux plus”, force est de constater qu’il y a un gros problème quelque part.

Du grec politikos, de la cité : Art, manière de diriger, en vue du bien commun, toutes les activités d’une société. Ce mot, de plus en plus, résonne hélas à l’oreille des jeunes et moins jeunes, comme un ras-le-bol quasi général, responsable de tous les problèmes quotidiens.

Convaincre avec démagogie, aplomb, cravate, éléments de langage, projets tout beaux sur le papier, sondages, statistiques et tout et tout, a cessé de faire recette auprès de l’électorat lambda. Il faut dire que, couleuvres avalées après couleuvres, la digestion passe plutôt mal à chaque conseil théâtral municipal ou débat national télévisé. En cité impériale, la distribution napoléonienne ne surfe pas vraiment sur une lame de vague, mais plutôt sur le vague, sans état d’âme. Il y règne souvent autant de suffisance que d’insuffisance.

C’est que, mesdames et messieurs les élus, la confiance ça se gagne. Et en période électorale, à l’heure où chaque éventuel candidat se renifle pour savoir avec qui s’accoquiner, un peu comme de petits chiens qui font connaissance, il va bien falloir, “à m’ment donné”, arrêter de nous la faire du style : “J’ai besoin de vous, de vos idées, de vos remarques, j’aime cette ville et ce pays, je vous ai compris, avec moi ce sera différent, j’ai un projet…” On aimerait y croire, mais l’éternel cocufiage auquel nous, citoyens à part entière, sommes soumis à chaque élection, nous autorise cette fois encore, à plus de précautions et de garanties. Reprendre la main oui, mais pas n’importe comment et pas avec n’importe qui.

Être au service de la population et défendre l’intérêt général avant son pré carré et son parti politique, oublier ses passe-droits, pinces-fesses, petits fours, sauteries électoralistes, votes à l’aveugle, subventions indécentes, inaugurations mondaines, invitations gratuites, c’est tout cela que chacun attend et exige.

Agir, avec chaque électeur potentiel en réelle concertation, sans loup derrière le talus, va-t-il être cette fois une priorité ? Nos futurs représentants doivent comprendre enfin, que le temps des traditionnelles pratiques de copinage, cafouillage, magouillage, promesse de poste et secrets de Polichinelle ou pas, est révolu.

A l’approche de cette nouvelle bataille électorale, il n’est plus temps de subir les coups de folie financière, les coups de colère et autres intolérables dérapages verbaux. Un futur élu n’est pas un empereur, un roi, un duc ou un prévôt qu’on achète et qui se vend au plus offrant entre deux tours, pour assouvir de personnelles ambitions.

Alors, si la politique et son sens galvaudé vous exaspère, vous met le bourdon et la migraine, faites comme moi, ne faites pas de politique, faites de la conviction.