Willy ROUX

Max Brisson : “C'est normal que les grandes démocraties se rencontrent entre elles”

Dans une interview accordée à MEDIABASK, Max Brisson, sénateur des Pyrénées-Atlantiques (Les Républicains) et conseiller départemental de Biarritz, défend la tenue du G7 et son intérêt pour le monde mais aussi pour la ville de Biarritz.

Max Brisson défend la tenue du G7 et son utilité pour le monde et Biarritz
Max Brisson défend la tenue du G7 et son utilité pour le monde et Biarritz

Sur Twitter, vous avez pris le parti de défendre la tenue du G7 à Biarritz. Pourquoi ?

Max Brisson : Sur un plan international, le G7 n'apporte pas tous les jours des réponses concrètes aux défis considérables que le monde porte, c'est évident. Il n'empêche que dans notre histoire, les périodes, où il n'y avait pas de lieux formels ou informels de rencontres des dirigeants de la planète, étaient bien pires que ce que nous vivons aujourd'hui. Donc, je m'offusque un petit peu du nombrilisme contemporain qui est un des signes de la perte de mémoire historique de nos sociétés occidentales. Je suis favorable au multilatéralisme, aux rencontres, car le multilatéralisme imposé par les Américains après la Seconde guerre mondiale oblige au compromis et au consensus. C'est comme cela que nous avons construit la paix.

Quand j'entends de la part des responsables du contre-sommet que les responsables du G7 sont illégitimes, ça me met un peu hors de moi. L'un des points communs des dirigeants qui appartiennent au G7 est qu'ils sont issus de pays où ils sont élus de manière démocratique. Le G7 est la réunion des grandes démocraties du monde.

Des démocraties qui génèrent des violences et des inégalités...


M.B. : J'entends cela, mais ce n'est pas dans ces démocraties que les inégalités sont les plus fortes au monde. Oui, en France, il y a des inégalités, comme il y en a au Royaume-Uni, mais par exemple en Inde ou au Maroc, elles sont beaucoup plus fortes. Que les inégalités se creusent, c'est un souci mais il ne faut pas faire croire aux gens par des amalgames insupportables que les pays du G7 sont des pays où les inégalités sont les plus fortes. Je n'ai pas dit que le G7 allait apporter des réponses à tout mais l'absence de G7 dans l'histoire, ça apporte la guerre. On peut critiquer que ce soit uniquement les pays riches qui soient associés à la gouvernance du monde de façon aussi restreinte. Je le comprends et c'est pour cela que le G20 a été créé. Mais si vous élargissez à 20, il y a des pays qui ne sont absolument pas démocratiques comme la Russie ou la Chine. Je trouve donc normal que les grandes démocraties veulent aussi se rencontrer entre elles.

Sur le plan local, qu'est-ce que le sommet du G7 peut apporter à Biarritz et au Pays Basque ?

M.B. : C'est évident, on ne crée pas une marque touristique ou une marque territoriale avec un G7. Si Biarritz était totalement inconnue du monde, le G7 ne changerait rien à l'affaire. J'en ai la ferme conviction. En revanche, nous avons déjà une marque Biarritz-Pays Basque. Un évènement comme le G7 est une formidable piqûre de rappel. L'exposition médiatique internationale ne peut que conforter une marque déjà existante d’autant plus que cette marque s'est construite dans l'histoire comme étant une destination des grands de ce monde. C'est une opportunité d'une incroyable exposition médiatique car l'on parle de Biarritz d'une manière forte comme on en a jamais parlé depuis longtemps.

On peut toujours me dire : "de toute façon du monde on en a des touristes, il y a saturation". C'est vrai, il y a saturation au mois d'août car nous sommes trop dépendants du marché franco-français, producteur de touristes au mois d'août. D'où la nécessité d'internationaliser la marque Biarritz-Pays Basque. Je ne me satisfais pas que seulement 15% des touristes au Pays Basque soient étrangers. Je préfèrerais que ce pourcentage soit plus élevé car cela étalerait l'activité touristique. Je suis favorable à un tourisme plus durable et je comprends bien que la saturation et la sur-saturation en août est un danger écologique.

Vouloir encore plus internationaliser le tourisme, c'est promouvoir un tourisme pas vraiment durable…

M.B. : Il faut développer le tourisme de proximité aussi. Même si par rapport à l’hôtellerie, il ne répond pas aux mêmes exigences. Je veux des Chinois, des Japonais et des Biscayens dans les rues de Biarritz et Saint-Jean-de-Luz tout au long de l'année. C'est comme cela que nous construirons un tourisme durable. Il faut aussi travailler au tourisme de proximité, mais je veux bien que nous soyons plus vertueux que le reste du monde, nous serions bien la seule destination au monde à ne pas chercher à élargir sa clientèle.

Il y a un vrai danger de rester trop lié à un marché francilien qui aujourd'hui concentre son émission massive de touristes sur trois semaines au mois d'août. C'est source d'éléments extrêmement contradicatoires avec une économie touristique plus durable car nous avons tous les effets de la concentration, du débordement des stations d'épuration, et l'obligation d'avoir des équipements sur-dimensionnés. Il faut étaler le tourisme sur les mois de mars, avril, mai, juin, septembre.

Que répondez-vous aux problèmes posés aux Biarrots par l’organisation de ce G7, c'est beaucoup de contraintes pour peu de bénéfices ?

M. B. : Des bénéfices ? En termes d'emploi dans le tourisme nous verrons bien. Ce sera peut-être de très belles saisons dans les années à venir avec l'arrivée de touristes étrangers. Il se peut que ça évolue. Qui vivra verra. L'exposition médiatique et numérique n'aura pas d'effets pour tous les gens qui ne vivent pas du tourisme. Quand on a un petit peu le sens de l’intérêt général, on doit accepter trois jours de sacrifices. Il y a des personnes qui en ont fait des biens plus grands pour qu'on ait cette liberté que les gens revendiquent.

Certes, il y aura moins de personnes le week-end prochain à Biarritz mais un week-end où il pleut et il vente, les terrasses sont aussi moins utilisées et il y a une perte de chiffre d'affaires mais ça ne met pas en péril l'équilibre d'une entreprise. C'est une contrariété pour certains commerçants mais les hôteliers et les restaurateurs vont travailler.

Bien sûr, j'aurais préféré que le G7 ait lieu au mois d'avril, mars ou au mois de novembre. A cette époque, les hôtels sont vides et cela n'aurait été que du bénéf'. Mais c'est le calendrier international qui a dicté la date. Je ne dis pas que la date est merveilleuse mais les sacrifices consentis, il faut les mesurer à l'aune des réalités et non de l’hystérie qui s'empare des réseaux sociaux.