Mathieu BERGE

De la triangulation…

En géométrie et trigonométrie, la triangulation est une technique permettant de déterminer la position d’un point en mesurant les angles entre ce point et d’autres points de référence dont la position est connue, et ceci plutôt que de mesurer directement la distance entre les points.

Mathieu Bergé est membre de Géneration.s. ©  I. MIQUELESTORENA
Mathieu Bergé est membre de Géneration.s. © I. MIQUELESTORENA

En géométrie et trigonométrie, la triangulation est une technique permettant de déterminer la position d’un point en mesurant les angles entre ce point et d’autres points de référence dont la position est connue, et ceci plutôt que de mesurer directement la distance entre les points.

En politique, la triangulation désigne le fait pour une personnalité politique de présenter son idéologie comme étant “au-dessus et entre” la droite et la gauche de l’échiquier politique, en reprenant des valeurs ou symboles opposés, voire opposables. C’est la fameuse fracture sociale de Jacques Chirac, Sarkozy qui se déclare héritier de Jaurès en 2007, l’ordre juste de Ségolène Royale, la déchéance de nationalité chez Hollande et enfin le “et en-même temps” de Macron qui consacre la triangulation comme idéologie, excluant de fait toute construction idéologique globale à vocation civilisatrice.

“Le centre n’est ni de gauche, ni de gauche”, disait François Mitterrand, la triangulation est conservatrice et nous enseigne l’histoire contemporaine.

La triangulation présente la politique comme un repas à la carte, offrant à chaque corporatisme, son plat préféré, peu importe le prix social, environnemental, fiscal, climatique, tant que ceux qui mangent à la carte payeront par leurs votes.

En France, on encense le modèle social républicain pendant qu’on le détricote maille après maille pour le transformer en une “démocratie libérale” à l’anglo-saxonne, où règneront définitivement la triangulation et son corollaire, l’individualisme.

En France, ce sont les députés qui applaudissent Greta Thunberg et qui dans la même journée votent le Ceta.

Au Pays Basque, c’est le maire de Bayonne Jean-René Etchegaray qui porte plainte contre Total et le président de l’Agglomération Jean-René Etchegaray, qui subventionne Vinci et son autoroute.

Au Pays Basque, ce sont les élus qui dénoncent 28 plages fermées pour cause de pollution bactériologique, une semaine après que le président de la Communauté d’agglomération ait décidé de faire voter des PLU sans attendre le résultat du schéma d’assainissement prescripteur.

Pour sortir de la triangulation, il est temps de passer de la carte au menu, il est temps d’envisager la fonction civilisatrice et non uniquement électoraliste de la politique, le citoyen comme part d’un tout, doit au niveau local se saisir de son territoire et de ses enjeux dans sa globalité.

Les soixante-huitards déclamaient élections piège à cons, Jean François Caron, maire de Loos en Gohelle, préfère renvoyer les citoyens à leur propre responsabilité en clamant “participation sans implication = piège à cons”.

Alors avant les 15 et 22 mars 2020, venez participer, impliquez-vous, ou alors il ne vous restera plus qu’à voter… à la carte.