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Jambon de Bayonne : deux élevages intensifs contestés

Malgré l’opposition des habitants, paysans et associations écologistes, deux projets de porcheries industrielles vont voir le jour à Escoubès (Béarn) et Ossun (Hautes-Pyrénées), à seulement 40 kilomètres de distance. Une production intensive respectivement de 17 000 et 6 000 porcs par an, en particulier pour le jambon de Bayonne.

José Astorga, président de No Porcharan. @Bleu_Bearn
José Astorga, président de No Porcharan. @Bleu_Bearn

“No porcharan ! No porcharan !”. Le slogan scandé par des dizaines de manifestants a marqué la 14e étape du Tour de France, le 20 juillet dernier. L’association du même nom s’oppose à un projet de porcherie industrielle qui prévoit l’élevage intensif hors-sol de 6 000 porcs par an, à Ossun (Hautes-Pyrénées). À quarante kilomètres de là, dans le village béarnais d’Escoubès, les travaux ont déjà commencé pour une ferme capable d’accueillir annuellement jusqu’à 17 000 porcs.

Dans les Hautes-Pyrénées, la mobilisation des opposants n’a pas fait infléchir la décision du préfet Brice Blondel. Ce dernier a donné son feu vert le 28 mars dernier à Selec’Porc, filiale industrielle de la coopérative agricole Fipso. Après un recours gracieux, l’association No Porcharan a décidé de déposer un recours contentieux, comme l’a relayé France Bleu Béarn le 30 juillet.

Alors que la commune compte huit élevages porcins totalisant déjà plusieurs milliers d’animaux, Escoubès pourrait accueillir annuellement jusqu’à 17 000 porcs supplémentaires soit 6 458 présents en permanence, ce qui en ferait le plus important élevage porcin du Sud-Ouest. Derrière ce projet, encore la Fipso qui se partagera 90 % des actions avec la coopérative agricole Euralis. Les 10 % restants bénéficieront à Sébastien Boudasson, jeune agriculteur à l’initiative du projet.

Les riverains, les associations Bien vivre dans les coteaux du Béarn, Sepanso 64, Greenpeace France et Animal Cross ont demandé l’annulation de l’autorisation d’exploitation de ce projet devant le tribunal administratif de Pau, au motif que l’“accumulation des installations d’élevage décuplerait les nuisances et les impacts environnementaux et sanitaires”. Selon Greenpeace, “les plans d’épandage sont insuffisants et l’étude d’impact n’évalue pas correctement le risque de pollution de l’eau et des sols”.

La production a doublé

La Fipso possède le plus grand abattoir du secteur à Lahontan (64), ainsi que des maternités porcines. Avec ses deux nouveaux projets, elle assurera également l’engraissage. Selon l’article paru dans la revue Far Ouest, le préfet des Pyrénées-Atlantiques aurait lui-même parlé de “conforter la filière jambon de Bayonne” dans son rapport favorable au projet d’Escoubès.

La production a doublé depuis l’obtention en 1998 de l’Indication géographique protégée (IGP). Le jambon de Bayonne représente 9 000 tonnes sur les 45 000 tonnes de jambons crus produits à l’échelle hexagonale, soit environ 20 % de la production et 14 % de la consommation. L’export représentait environ 4 % en 2018.