Max BRISSON

Pour une écologie de la tempérance

Max Brisson. © DR
Max Brisson. © DR

La canicule était la semaine dernière à la Une de tous les médias et au cœur de tous les débats. Certes, le réchauffement climatique est un fait. Il n’autorise pas pour autant à participer à une sorte d’hystérie collective où le “je vous l’avais bien dit” le dispute aux propositions les plus fantaisistes, comme celle de l’adaptation systématique et immédiate de tous les bâtiments scolaires. Un exemple qui montre que le débat peut tourner à l’absurde. On ferme des écoles fin juin pour cause de grosse chaleur – certains parlent de “congés canicule” – alors qu’on ne cesse d’allonger les vacances d’hiver. Ne vaudrait-il pas mieux réfléchir au retour des grandes vacances d’antan ?

La température retombée, peut-être est-il loisible de traiter la question avec tempérance ? Oui, chaque jour nous sommes témoins de ce que l’activité humaine a comme incidences sur notre planète et sur notre santé. Ce constat nourrit une écologie officielle perçue par beaucoup de nos concitoyens comme idéologique et punitive. Et les résultats de la liste Jadot aux Européennes ne changent rien à l’affaire. 

Protéger et vivre en harmonie avec ce qui nous entoure, transmettre ce qui nous a été donné, nécessite au contraire d’aborder la question en termes d’héritage, d’éducation.

Je suis en effet persuadé qu’une victoire sur le réchauffement climatique, sur le gaspillage des ressources, sur la disparition des espèces, sur la surconsommation viendra d’abord de la transmission de nos valeurs. Posons comme principe que nous avons la Terre en héritage, tout comme les œuvres littéraires, musicales, artistiques, la philosophie, le patrimoine religieux ou laïc, non pas pour sanctionner ceux qui l’utilisent mais pour les mobiliser sur sa conservation.

Dans cette démarche, nous devons également retrouver l’individu. En réinvestissant le chantier de la réflexion écologique, nous rencontrerons la révolution numérique qui bouleverse l’habitat, les mobilités mais aussi le travail et les relations interpersonnelles où elle impose l’horizontalité.

Je suis d’ailleurs persuadé que l’écologie aurait tout à gagner à faire confiance à l’homme et à sa capacité à s’adapter afin de nourrir un discours écologique qui n’oppose pas l’homme et son milieu mais sensibilise à la responsabilité individuelle. Une telle réflexion nécessite aussi de redéfinir le périmètre de l’action collective et celui laissé aux initiatives locales, communautaires ou individuelles. Bref l’écologie renvoie aux libertés locales et est girondine par essence.

Construire un nouveau paradigme de l’écologie positive est bien un chantier impératif au moment où notre pays cherche dans de vaines solutions populistes une réponse à ses légitimes angoisses. La voie à trouver se situe entre deux postures.

1/ Céder à ceux qui portent, sans le savoir toujours, les éternelles angoisses d’un malthusianisme qui a toujours refusé aux hommes ce qui les caractérise pourtant le plus, leur capacité à s’adapter.

2/ Ne pas donner le moindre crédit à ceux qui prônent, en défense d’intérêts mercantiles, un immobilisme tout aussi dangereux. 

Il est donc temps d’inventer une écologie de la tempérance, de la mesure et du bon sens. J’ai failli écrire une écologie de droite.