Parent d’une élève de 3e

Lettre ouverte au ministre de l'Education nationale

Comme l'an dernier les correcteurs ont eu l'interdiction de corriger les copies rédigées en basque. ©Bob EDME
Comme l'an dernier les correcteurs ont eu l'interdiction de corriger les copies rédigées en basque. ©Bob EDME

Monsieur le ministre de l’Education nationale,

Ma fille et ses camarades de promotion ont passé le brevet des collèges comme des centaines de milliers d’autres collégiens.

La différence est que sa copie de sciences ne sera pas corrigée comme il se doit : sa copie sera sûrement mise sous scellé, sa copie sera sûrement réquisitionnée par une voiture banalisée, sa copie sera sûrement transportée au rectorat de Bordeaux et sa copie sera sûrement corrigée par un inspecteur (non bascophone). Pourquoi un tel traitement ?

Ma fille est scolarisée dans un collège sous contrat dont la langue véhiculaire (vernaculaire peut-être direz-vous) est le basque. Elle va donc composer dans cette langue car c’est ainsi qu’elle apprend les sciences depuis toujours, et ce, bien sûr, parce que cela est autorisé.

Quel est son tort ? Ne pas rédiger en français ? Elle peut cependant composer les épreuves de mathématiques et d’histoire géographie en basque. Pourquoi pas les sciences ?

Le correcteur de la copie de ma fille ne saura sûrement pas le basque et elle sait d’avance qu’elle aura une mauvaise note alors que son dossier scolaire est bon. Est-ce juste, digne de votre Ministère ? Comment la mère d’un élève orléanais ou nîmois réagirait-elle si la copie de son enfant était corrigée par un enseignant ne sachant pas le français ? Et vous-même ? N’est-ce pas injuste, incompréhensible ? Ma fille le perçoit ainsi : elle ne comprend pas.

Comment la motiver à travailler quand elle sait d’avance qu’elle aura 7/50 environ, si l’on se base sur les notes de ses camarades de l’an dernier, au lieu des 33/50 qu’ils méritaient ?

Ma fille est au creuset de deux cultures : basque et française (elle est parfaitement bilingue) et elle est élevée dans l’idée que les différences sont une richesse, que la culture et la connaissance permettent l’ouverture à l’autre, la curiosité et donc la tolérance. A l’instar de Tahar Ben Jelloum, elle sait aussi que “l’ignorance est le plus pernicieux des maux”.

Votre Ministère n’est-il pas celui du savoir, de la connaissance, celui qui donne des bases de réflexion, d’esprit critique ? Votre Ministère n’est-il pas celui du vivre ensemble où évoluent des élèves enrichis de leurs similitudes et de leurs différences ?

Aidez nos enfants à avoir confiance dans le système ! Offrez-leur de la cohérence ! Accueillez-les dans leurs différences ! Accompagnez-les sur le chemin de la réussite !

Merci de m’avoir lue.

Sincères salutations.

Le 2 juillet 2019.