Antton Etxeberri

Les salariés de Lur Berri se défendent

Une centaine d'anciens salariés et salariés de Lur Berri se sont présentés ce matin au siège du groupe à Aïcirits, suite à un contentieux de 20 ans qui les oppose. Le directeur du site Olivier Gemin étant absent, les salariés l'ont attendu durant toute la matinée, et ont quitté les lieux à 14h30, sans avoir pu rencontrer les dirigeants de Lur Berri.

Une centaine de salariés et anciens salariés se sont mobilisés ce vendredi. ©Guillaume Fauveau
Une centaine de salariés et anciens salariés se sont mobilisés ce vendredi. ©Guillaume Fauveau

C'est un contentieux de plus de vingt ans qui perdure. Tout a démarré quand les anciens salariés du groupe Lur Berri ont reproché à la direction de l'époque de leur avoir soustrait de leur réserve spéciale de participation des "sommes très importantes de manière irrégulière et abusive". Le 4 avril 2014, la cour d'appel de Bordeaux leur a donné raison et a mis un terme aux demandes en condamnant le groupe Lur Berri à payer aux salariés une somme totale d'1,2 million d'euros.

Suite à cette décision, le directeur général de Lur Berri, Olivier Genin, avait décidé de ne pas régler les intérêts liés à cette somme. Les anciens salariés soutiennent que les dispositions des accords de participation ne lui permettent pas une telle décision. Suite à une nouvelle action de justice diligentée par les anciens salariés auprès du Tribunal de grande instance, Lur Berri avait été condamné au paiement immédiat des intérêts, d'un montant total de plus de 800 000 euros, avec une astreinte de 500€ par jour de retard. Lur Berri avait alors payé ces intérêts, tout en faisant appel de cette décision.

La décision de la Cour d'appel de Pau, rendue le 17 janvier 2009, a cassé cette décision, jugeant que la "réintégration des sommes abusivement soustraites ne peuvent être effectives que depuis l'arrêt de la cour d'appel de Bordeaux de 2014". Elle précise : "les salariés peuvent en revanche invoquer un préjudice résultant de ce qu'ils ont été privés d'intérêt durant plus de 20 ans".

C'est cette décision de la Cour d'appel de Pau qui a donc incité Lur Berri à réclamer le "trop d'intérêts" versé aux anciens salariés, dans un courrier que la société leur a envoyé, daté du 24 mai. En donnant la date butoir du 24 juin pour ce faire. C'est devant cet ultimatum "inacceptable" pour les anciens salariés que ces derniers ont décidé de réagir, en déposant un référé devant le tribunal de Bayonne hier jeudi 20 juin, et aujourd'hui en venant demander des comptes à Lur Berri. Ils demandent à la direction de Lur Berri "l'annulation du courrier du 24 mai".

Du côté de la direction, le responsable de la communication de Lur Berri, Vincent Sauvage, informe MEDIABASK que "le directeur général, Monsieur Gemin, est absent. Lur Berri ne fera pas de commentaire". C'est par le biais de son avocat, Maître Chonnier, que Lur Berri a pour le moment décidé de s'exprimer. Soulignant d'abord que les anciens salariés "sont venus sans avoir pris de rendez-vous", l'avocat du groupe confirme l'existence du courrier demandant "le trop perçu d'intérêts", précisant que la décision de la Cour d'appel de janvier 2019 aurait dû être appliquée immédiatement.

La défense de Lur Berri fait également état d'un "accord tacite" qu'auraient négocié les anciens salariés par le biais de la CFDT et la direction de Lur Berri. Cette dernière se serait engagée, contrairement aux conseils de leur avocat, à renoncer de pourvoir en cassation concernant la décision de la Cour d'appel de Bordeaux du 4 avril 2014 les condamnant à régler la réserve spéciale de participation. En échange, les anciens salariés se seraient engagés, selon Maître Chonnier, à ne pas demander d'intérêts. L'avocat dénonce que l'accord tacite n'a pas été respecté par les anciens salariés. Le représentant syndical de ces derniers, Sauveur Bacho, réfute l'existence de cet accord tacite : "La CFDT conteste fermement tout accord de ce type qui n'existe que dans les pensées de Monsieur Chonnier".

Après quelques échanges où chacun est resté sur ses positions, et en l'absence du directeur général de Lur Berri sur place (ce dernier a également refusé de répondre à nos sollicitations), les salariés ont décidé de lever le camp vers 14h30.