Un mouvement plus symbolique que mobilisateur. Ce lundi 17 juin, premier jour des épreuves du baccalauréat, une cinquantaine de professeurs des lycées René Cassin et Louis de Foix (Bayonne), Cantau (Anglet), Malraux (Biarritz) et Ravel (Saint-Jean-de-Luz) se sont rassemblés devant la mairie de Bayonne à 14 heures pour afficher leur opposition à la réforme Blanquer, jugée “injuste”, “inégalitaire” et “anxiogène”.
“On nous a présenté ‘l’esprit’ de la réforme, en nous promettant que la possibilité de choisir les spécialités à la carte apporterait plus de liberté aux élèves” évoque une enseignante. Mais à la sortie, “tout ne se vaudra pas”, et les élèves, avec chacun leur bagage, ne bénéficieront pas des mêmes opportunités d’études par la suite, estime-t-elle. “Donc il n’y a pas de liberté”.
Les profs pensent plutôt que la complexité de cette réforme risque de “favoriser les familles qui ont compris la stratégie”, tout en ouvrant la porte à un “marché”, celui des cours particuliers.
Les enseignants demandent un moratoire d'un an sur la réforme du baccalauréat afin que s'engage "une véritable concertation de tous les acteurs". © Guillaume FAUVEAU
Les élèves ont le choix des spécialités… dans la limite des places disponibles. De quoi engendrer une “concurrence” entre établissements (qui ne proposeront pas tous l’ensemble des spécialités) mais aussi entre les professeurs eux-mêmes. Chacun se retrouverait ainsi à “défendre” sa matière en tâchant d’“attirer du client” pour espérer dispenser son cours, “au bon vouloir du chef d’établissement”.
Pour les enseignants, la réforme crée “des guerres locales”. Ils se demandent : “Pourquoi n’y a-t-il pas eu de mot d’ordre pour assurer à tout le monde la même qualité d’enseignement ? À quoi tient la réforme ? On se le demande”.
Plus de matières en basque
Après une année de cours dispensés en basque, les 102 candidats au bac du lycée de Seaska n’ont la possibilité de composer que deux matières dans leur langue d’enseignement, à savoir l’histoire-géographie et les mathématiques. “Sachant que les consignes sont données en français, ce qui rend un peu plus difficile l’épreuve même si nos élèves sont habitués à passer d’une langue à l’autre”, souligne Iban Thicoïpe, directeur du lycée Etxepare.
“Nous avons prouvé ces dernières années à l’Inspecteur et au recteur qu’il y avait suffisamment d’enseignants bascophones prêts à corriger les copies dans les différentes matières, notamment scientifiques. Il s’agit donc d’une volonté politique. L’excuse du manque d’enseignants pour corriger les copies en basque ne tient plus”.
Le directeur formule un vœu, celui que l’année prochaine, les élèves puissent composer une, voire deux épreuves de plus en basque, comme les sciences de la vie et de la terre et la physique-chimie. “Ce serait une petite avancée”, affirme Iban Thicoïpe.