Goizeder TABERNA

La bataille des villes moyennes au Pays Basque Sud

L’élection des maires s’est déroulée, ce samedi 15 juin, en grande partie selon les rapprochements annoncés au préalable, du moins à la Communauté autonome basque. En Navarre, les choses sont moins claires.

Gorka Urtaran (PNV) est réélu à Gasteiz sans majorité absolue. © Endika PORTILLO/FOKU
Gorka Urtaran (PNV) est réélu à Gasteiz sans majorité absolue. © Endika PORTILLO/FOKU

C’est comme un second tour, lors du vote d’investiture. Les négociations et coalitions peuvent changer la donne et le parti le plus voté le 26 mai peut se retrouver en minorité. A l’issue de cette journée d’investiture, samedi 15 juin, le Parti nationaliste basque (PNV) conserve son hégémonie dans les trois capitales de la Communauté autonome basque (Cab). En revanche, dans les villes moyennes, le pouvoir a été redistribué.

En Gipuzkoa, le pacte entre le PNV et le PSE a marqué la journée d’investiture. C’est le cas à Andoain, Pasaia et Lezo. A Irun aussi, les tensions survenues entre les élus des deux partis pendant le dernier mandat se sont dissipées et le PNV a permis la réélection de José Santano (PSE), en ne présentant aucun candidat.

Pour sa part, la coalition de gauche abertzale EH Bildu réalise une percée en Bizkaia, fief du PNV. Galdakao et Arrigorriaga passent ainsi à gauche et Durango a pour la première fois une maire abertzale de gauche, Ima Garrastatxu. Le PNV garde en revanche la main sur Barakaldo et Getxo.

Dans la Rioja d’Araba longtemps "unioniste", les abertzale gagnent peu à peu du pouvoir. La gauche abertzale tire son épingle du jeu dans des communes symboliques au sud d’Araba comme Argantzun et Samaniego. Dans cette dernière, Pilar Garmendia a obtenu le siège de maire grâce à la voix d’un élu socialiste. Le Parti socialiste d’Euskadi a déjà annoncé des mesures contre lui.

Navarra Suma

En Navarre, la volonté du Parti socialiste local de faire barrage à la gauche abertzale a été la même que dans la Cab, laissant prendre le pouvoir à la coalition de droite de Navarra Suma. Barañain, Eguesibar et Lizarra passent donc à droite alors que la gauche abertzale y compte le nombre d'élus le plus élevé. Sartaguda, appelé aussi le "village des veuves" depuis la guerre civile espagnole, a un maire socialiste grâce aux voix des élus de Navarra Suma. Les socialistes ont deux sièges, la droite trois et les abertzale de gauche quatre. Même entente non-officielle gauche-droite à Uharte, près de la capitale navarraise, où le PSN arrive au pouvoir avec une seule conseillère municipale. A Iruñea, l'abertzale de gauche Joseba Asiron a passé le bâton de l’exécutif à Enrique Maya de Navarra Suma. Ce dernier a récupéré le siège occupé de 2011 à 2015 grâce aux 13 voix de son groupe, sans obtenir la majorité absolue.

Ces résultats pourraient annoncer la tendance pour la constitution du nouveau gouvernement de Navarre prévue à la fin de l’été. Le PSN en a la clé. Or, le parti de la présidente sortante Uxue Barkos, Geroa Bai, a regretté qu’aucun accord avec des groupes "progressistes" n’a pu être signé à l'échelon municipal, laissant présager la main mise de Madrid. La dirigeante socialiste navarraise Maria Chivite, pour sa part, a salué le fait que son parti n’a donné aucune voix ni à Navarra Suma ni à EH Bildu. Le suspens se prolongera certainement tout l’été.