Iurre BIDEGAIN

Diakite inquiet face à l’avenir du centre d’accueil Pausa

Les contrats des sept salariés d’Atherbea travaillant au centre d’accueil Pausa viennent d’être renouvelés jusqu’au mois d'août. La convention signée par l’Agglo pour le financement de ces postes arrivera à terme à cette date-là. Le collectif Diakite exprime son inquiétude face à l’avenir du dispositif.

Au total, 6 400 migrants ont été accueillis dans le centre Pausa de Bayonne. ©Guillaume FAUVEAU
Au total, 6 400 migrants ont été accueillis dans le centre Pausa de Bayonne. ©Guillaume FAUVEAU

Et après quoi ? Voilà la question que se posent les membres du collectif Diakite. Main dans la main avec l’association Atherbea et la Communauté d'agglomération Pays Basque, ils travaillent pour répondre aux besoins des migrants arrivés à Bayonne. Les contrats des sept salariés d’Atherbea se sont terminés le 15 mai et ont été reconduits jusqu’au mois d'août. Le 31 de ce mois, la convention financière votée le 18 décembre reliant l’association et l’Agglo prendra fin.

Le bilan du travail réalisé jusqu’à présent est plus que positif pour Jean-Daniel Elichiry. Le président d’Atherbea avoue être à la fois "étonné" et "extrêmement satisfait". Maite Etcheverry, présidente de Diakite, qualifie le parcours d’extraordinaire. Mais, en même temps, elle ne peut cacher son inquiétude.

"Notre soucis est de savoir comment nous allons fonctionner à partir du 1er septembre. On s’inquiète du fait que la Communauté d’agglomération voudrait réduire les frais. On imagine que peut-être, elle va vouloir réduire les postes d’accueillants", avance-t-elle. Serait gardé un nombre de postes "minimum", selon elle. "Nous sommes déjà dans un taux d’encadrement qui est très bas. Aujourd’hui, imaginer qu’on puisse avoir moins de contrats de travail me semble impossible", estime-t-elle.

Depuis que le centre Pausa a ouvert ses portes au Quai Lesseps, 6 400 migrants sont passés par là et ils y sont restés, en moyenne, quatre jours. "Nous avions l’obligation de résultats. On ne pouvait pas se planter", rappelle le président d'Atherbea. Car avec la mise en place de ce service, il y avait un risque politique, mais aussi pénal et civil.


L’association Diakite mobilise 5 locaux associatifs pour stocker une masse de vêtements. ©Guillaume FAUVEAU



Sur les 6 400 personnes accueillies, Maite Etcheverry évoque que le tiers s’est déclaré mineur à Pausa. "Pour autant, on n'a orienté que 180 personnes vers le Conseil départemental. Ce sont elles qui nous ont dit qu’elles étaient perdues et que personne ne les attendait. Ce chiffre nuance la position du Département qui pourrait avoir la tendance de dire que l’on retient tous les mineurs à Bayonne pour leur renvoyer", se défend-elle.

Maite Etcheverry précise que le nombre d’arrivées a diminué ces derniers mois à cause de la saison, mais cela devrait changer durant les prochaines semaines. Le sommet du G7 organisé en août à Biarritz inquiète, car les mesures de sécurité, surtout des deux côtés de la Bidasoa, seront renforcées. Afin de traiter cette problématique, le collectif Diakite s’est réuni avec le réseau d’accueil d’Irun. "Ils craignent la fermeture du passage et que les migrants soient bloqués à Irun", explique Maite Etcheverry. Pour l’instant, aucune réunion n’a eu lieu sur ce sujet entre les services de l’Etat et l’association.


Les locaux sont mis à disposition par la mairie de Bayonne. ©Guillaume FAUVEAU

La solidarité citoyenne

Les bénévoles sont, sans aucun doute, la clé du succès de ce service. "Le territoire a démontré que le Pays Basque est une terre d’accueil et pas que pour les touristes. Je n’ai qu’à féliciter les uns et les autres qui ont pu s’engager. Ceux qui ont été accueillis ont aussi joué le jeu et ont eu l’intelligence de comprendre qu’on ne pouvait pas aller plus haut que ce qu’on leur propose",  déclare Jean-Daniel Elichiry.

Maite Etcheverry rappelle, pour sa part, que le service avait démarré d'un besoin urgent, jouant l’improvisation. Le fonctionnement s’est structuré avec le temps. Plusieurs pôles ont été mis en place afin de répondre aux différents besoins : les pôles accueil, vestiaire, transport et sanitaire. Ces pôles sont assurés par les 600 bénévoles solidaires qui ouvrent leurs bras à ceux qui font un arrêt au Pays Basque, cherchant un avenir digne.