Goizeder TABERNA

Le morcellement de la Villa Sion contesté

Il a été candidat potentiel pour l’achat de la Villa Sion. Pierre Delalonde remet en cause la décision prise récemment par la municipalité biarrote de séparer la maison de son parc.

La villa Sion se trouve au bout de l'allée de platanes la reliant au château. © Bob EDME
La villa Sion se trouve au bout de l'allée de platanes la reliant au château. © Bob EDME

A quatre mois de l’ouverture annoncée du château Boulart au public, son propriétaire en appelle à l’esprit de la convention de cession de son ancienne dépendance et de son parc. Il est en train de préparer un recours gracieux auprès de la mairie pour contester la vente du bâtiment alors que la convention de cession signée en 1975 ne le prévoit pas.

Le propriétaire de l’époque avait légué l’ensemble à la Ville de Biarritz pour un euro symbolique, à condition que le parc soit ouvert au public. L’exécutif ne compte pas revenir sur ce point, mais a lancé une procédure de vente pour la villa à l'issue du conseil municipal du 10 avril. "La convention de cession prévoyait la démolition ou la conservation de cette dépendance (insérée désormais dans le jardin public), mais n’autorisait en aucun cas sa vente (article 4), qui conduirait au démembrement de l’ensemble architectural", relève Alan Abeberry, le collaborateur de Delalonde chargé des relations médias pour le château Boulart.

Le propriétaire du château ne serait plus intéressé par l’achat de la villa et de son parc. Alan Abeberry l’affirme, l’homme d’affaires mènerait cette bataille juridique "pour l’amour de l’art", pour conserver l’unité architecturale des lieux. Après quatre ans de travaux de mise en valeur, la société Côte Basque, propriétaire officiel du château, souhaite "ouvrir le lieu au public, dans sa fonction initiale (réception et villégiature)".

Les travaux de restauration du bâtiment central devraient se terminer cet été. © Bob EDME

Pierre Delalonde voudrait "présenter ce patrimoine biarrot à l’occasion du G7 qui se déroulera fin août 2019". Pendant le sommet des chefs d’Etat, ainsi que pour la journée du patrimoine, ce château construit au XIXème siècle par Joseph Louis Duc, dont les façades et la toiture sont inscrites à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, serait ouvert au grand public. Tout au long de l’année, il accueillerait des activités privées. Ainsi, le château et ses neuf suites seraient mis à la location.

Il défend le choix de la municipalité

L’adjoint à l’urbanisme Patrick Destizon se garde bien de se prononcer sur le volet privé de cette affaire, sur les intentions du propriétaire du château et son intérêt à contester la décision municipale. En revanche, il défend le choix de séparer le jardin de la villa. D’une part, il dit vouloir conserver un jardin public pour "garder un poumon vert dans cette zone assez dense en terme d’urbanisation". D’autre part, il ne voit pas l’intérêt "de garder un bâtiment que vous devez entretenir, qui coûte cher, alors qu’il n’a pas d’utilité". Et de conclure : "Mieux vaut optimiser ce que l’on a. Et avec l’argent de la vente, on peut faire autre chose". Quant au recours de Pierre Delalonde, il n’en a pas connaissance, et estime cependant que "quand quelqu’un donne quelque chose, il prévoit rarement la vente, mais rien ne l’interdit".

Lors du dernier conseil municipal, les débats ont moins porté sur ces aspects juridiques que sur l’évolution de ce dossier sensible. Le 28 septembre, le conseil municipal avait donné son accord pour vendre l’ensemble, un bien d’une surface de 8 095 m², grevé d’une servitude de jardin public et de passage, estimé à 980 000 euros par les Domaines. Plusieurs élus avaient alors contesté la manière de procéder et avaient demandé des estimations de professionnels supplémentaires considérant que celle des Domaines était basse. Présentées le 10 avril, elles fixent le prix entre 1 et 1,4 million d’euros, mais cette fois, pour la villa seule. Un million d'euros, c'est donc le prix plancher retenu.