AINHOA AIZPURU

Coopération : le suivi des ours renforcé des deux côtés des Pyrénées

Les Etats français et espagnol se sont réunis la semaine dernière pour coordonner leurs actions de sauvegarde de la biodiversité des Pyrénées. Avec la question des dégâts causés par l’ours Claverina en toile de fond, les participants se sont engagés à resserrer la coopération transfrontalière.

Claverina et Sorita, âgées de 5 ans, sont suivies grâce à des colliers émetteurs.
Claverina et Sorita, âgées de 5 ans, sont suivies grâce à des colliers émetteurs.

Vendredi dernier, le ministère espagnol de la Transition écologique a accueilli un sommet sur la question de la biodiversité dans la chaîne des Pyrénées. En plus des gouvernements espagnol et français, les représentants de la Navarre, d’Aragon et de Catalogne, et des responsables des parcs nationaux étaient présents. Les participants se sont engagés à plus communiquer pour mieux gérer la réintroduction de l’ours brun.

La collaboration transfrontalière dans le domaine de la biodiversité a un certain bagage en ce qui concerne les Pyrénées. Les états espagnol, français et l’Andorre ont signé en 2014 une déclaration d’intentions pour la réintroduction d’espèces menacées ou éteintes dans cette chaîne montagneuse. Ainsi, différentes espèces menacées comme le gypaète barbu et le vautour noir, ou encore des espèces disparues comme le bouquetin ou la gélinotte des bois ont été réintroduites.

La vedette de la réunion de vendredi était cette fois l’ours brun. La récente réintroduction d'individus slovènes pose en effet quelques problèmes, notamment dans les Pyrénées occidentales. Dans cette partie de la cordillère, les deux mâles résidents ont récemment vu arriver deux femelles slovènes. Or, certains ours introduits sur le versant nord ont causé d’importants dégâts au sud, et tout particulièrement l’ourse Claverina.

Les différentes administrations se sont engagées à améliorer la coordination technique, mettant l’accent sur l’échange d’informations. En particulier, le suivi des ours réintroduits sera renforcé, en tenant compte que ces animaux ne se soucient guère des frontières politiques et changent de versant fréquemment. L’expérience de la cordillère cantabrique (au nord-ouest de l’Espagne), où vivent plus de 300 ours, peut servir comme exemple de gestion durable et en harmonie avec l’élevage. Dorénavant, les représentants français participeront au groupe de travail sur l’ours brun mis en place entre le ministère de la Transition écologique espagnol et les communautés autonomes pyrénéennes.

Plus de coopération entre les parcs naturels

Parmi d’autres sujets, les deux Etats ont également accordé de coopérer au niveau des parcs naturels et nationaux, notamment ceux s’étendant des deux côtés ds Pyrénées. Le travail en commun entre les deux gouvernements sera présenté lors du congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui se tiendra en juin 2020 à Marseille. Ce congrès servira entre autres à préparer le sommet sur la biodiversité biologique COP 15 annoncé pour le mois d'octobre 2020 en Chine.

Au-delà des déclarations officielles, le sommet de ce vendredi à Madrid a mis en évidence qu'il serait souhaitable que les différentes administrations des deux côtés de la chaîne des Pyrénées travaillent pour faire en sorte qu'une collaboration soit effective en amont, c’est-à-dire avant que des dégâts ne se produisent. De nombreuses expériences de cohabitation entre ours et éleveurs existent en Europe et ailleurs, une preuve qu'il reste encore du travail à accomplir dans les Pyrénées.