Goizeder TABERNA

Renouer tous les maillons du processus de paix

Une conférence et une chaîne humaine sont organisées à Biarritz, les 7 et 8 juin, pour donner un coup de projecteur, et surtout un coup de pouce, au processus de résolution en Pays Basque.

L'espace de discussion avec le Gouvernement a été réactivé mais les mesures tardent à venir au goût des organisateurs des événements de juin. © Guillaume FAUVEAU
L'espace de discussion avec le Gouvernement a été réactivé mais les mesures tardent à venir au goût des organisateurs des événements de juin. © Guillaume FAUVEAU

"Il faut que 2019 soit une année décisive pour le processus de paix", a déclaré le maire de Biarritz Michel Veunac lors de la présentation des événements prévus les 7 et 8 juin prochains. A travers ces initiatives, les mouvements Bake Bidea et les Artisans de la paix souhaitent que les intentions se traduisent par des actes dans la voie de la construction du processus de résolution du conflit.

Ce n’est pas un hasard s’ils ont choisi ce lieu pour organiser une conférence sur le thème du vivre-ensemble, le premier jour, et une mobilisation pour sensibiliser sur le sort des prisonniers, le second. Biarritz a souvent accueilli des initiatives de ce type tout au long du processus lancé à Aiete, mais cette fois, l’organisation du sommet du G7 fait qu’en 2019, elle se trouvera sur le devant de la scène. L’occasion pour montrer au monde et à l’Etat français que la société basque souhaite avancer dans le vivre-ensemble.

Conscients que la paix se construit pas à pas, les représentants des mouvements citoyens, les présidents de la Communauté d’agglomération Pays Basque, Jean-René Etchegaray, et du Biltzar des communes, Lucien Betbedert, et le maire de la ville estiment tout de même que le temps joue contre le processus. Le dossier des prisonniers basques en serait l’illustration.

Après un blocage dans les discussions entre la délégation du Pays Basque et le ministère français de la justice l’an dernier, aujourd’hui des perspectives existent, selon eux, mais elles ne se concrétisent pas. Sur les 40 détenus du Collectif des prisonniers politiques basques incarcérés dans l’Etat français, il reste huit hommes et neuf femmes à rapprocher de leur famille. Concernant ces dernières, aucun centre proche du Pays Basque ne peut à ce jour les accueillir. Pour les autres, les établissements pénitenciers de Mont-de-Marsan et de Lannemezan sont fléchés.

De l’Hôtel du Palais au Rocher de la Vierge

Au-delà du rapprochement des prisonniers, c’est sur les mesures d’exception que les intervenants ont insisté. "S’ils étaient traités comme des prisonniers de droit commun, certains d’entre eux seraient déjà libérés", fait remarquer Anaiz Funosas, la présidente de Bake Bidea. Ce serait le cas de Jakes Esnal, Xistor Aranburu et Jon Kepa Parot dont les demandes de libération conditionnelle sont systématiquement refusées après 29 ans d’incarcération. La suspension de peine des prisonniers gravement malades et la levée du statut de détenu particulièrement signalé sont également des questions dont l’issue n’est pas réglée.

La chaîne humaine organisée le 8 juin depuis l’Hôtel du Palais jusqu'au Rocher de la Vierge symboliserait "l’enchaînement des prisonniers, mais également l’enchaînement moral, celui de la souffrance de laquelle il faut sortir", a expliqué l’Artisan de la paix Michel Berhocoirigoin. Difficile à atteindre dans l’état actuel des choses, le thème du vivre-ensemble sera développé la veille. Le programme de la soirée sera dévoilé ultérieurement, mais il devrait être ponctué de témoignages d’expériences vécues ailleurs, dans le domaine du rapprochement entre victimes.

Entre 2011, date de la conférence internationale d’Aiete et aujourd’hui, le contexte a beaucoup évolué, mais Jean-René Etchegaray l’a souligné : "les armes se sont tues mais les consciences ne sont pas en paix". La reconnaissance des victimes et le règlement de la question des prisonniers seraient des étapes dans la voie du vivre-ensemble, selon les organisateurs. Empêcher de retourner en arrière, de reproduire le conflit vécu au Pays Basque pendant des décennies, leur objectif.