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Se nourrir c’est vivre, jeûner c’est revivre

Je viens de réaliser une aventure extraordinaire : celle du jeûne. Comme la grande majorité des gens, quand on entend ce mot, notre réaction est épidermique : “tu vas mourir si tu ne manges pas !”. Je me suis laissé tenter par l’expérience grâce à ma compagne. Je n’ai pas fait ce jeûne sur un coup de tête. J’ai été suivi par le corps médical. Mon but ici n’est ni de convaincre ni de prétendre que je suis expert sur le sujet. Je veux juste vous faire part de mon expérience de ces 14 jours de jeûne.

Le jeûne est pratiqué depuis l’Antiquité pour différents motifs, sanitaire, spirituel ou religieux. Il connaît aujourd’hui un regain d’intérêt, notamment au sein de la communauté scientifique, en Russie et en Allemagne. En Occident par contre, il peine à trouver sa place, empêché par les lobbies des industries pharmaceutiques qui n’y trouvent aucun intérêt financier.

Nous ingurgitons en moyenne 500 kg de nourriture par an. A 40 ans cela fait 20 tonnes ! Jeûner consiste à passer d’une alimentation externe, la nourriture, à une nutrition interne, celle de nos réserves. L’appareil digestif est mis au repos. Pour certains, c’est le moment idéal pour la méditation et la spiritualité (ex : ramadam, carème), où l’on s’accorde du temps pour soi. Le jeûne a aussi pour but de reposer, détoxiquer et régénérer l’organisme. On parle de jeûne dès lors qu’il n’y a pas de prise alimentaire pendant au moins 16 heures. Dans le cas où il n’y a aucun apport calorique et où seule l’eau est permise, on parle de jeûne complet. Un jeûne peut être continu ou intermittent.

On ne décide pas de jeûner du jour au lendemain sans préparer l’organisme et le psychisme à vivre ce changement. Voici un exemple des étapes à suivre. Tout d’abord, on effectue un bilan de santé pour vérifier qu’il n’y a pas de contre-indication à pratiquer le jeûne.

Ensuite vient la phase préparatoire : elle consiste à réduire progressivement sa ration alimentaire et à opter pour un régime végétarien en évitant les produits raffinés quelques jours avant la cure. Certains se purgent pour éviter quelques désagréments avec un laxatif qui vide complétement l’estomac et les intestins.

Puis le jeûne commence. Le premier et deuxième jour le corps élimine le stock de glucose dans le sang et le glycogène dans le foie et les tissus musculaires. Puis les protéines du muscle et les lipides sont transformés en corps cétonique. C’est alors que se produit une crise d’acidose (3e à 5e jour), c’est le début de la détoxification et l’élimination des déchets. Dans cette phase peuvent apparaître alors certains symptômes comme des nausées, des migraines ou des douleurs articulaires… Puis se produit l’autolyse : c’est la destruction des cellules vieilles, faibles ou malades du corps (kystes, fibromes, verrues…).

La dernière phase à ne pas négliger est celle de la reprise alimentaire. Elle consiste à réintégrer progressivement les aliments dans l’organisme. Manger n’importe quoi et en grande quantité pourrait compromettre toute la réussite de jeûne et s’avérerait dangereux. Le corps doit se réhabituer lentement. La reprise consiste à s’alimenter des bouillons, puis des légumes crus sous forme de jus et de crudités, des fruits, des céréales et légumineuses. Enfin on terminera par se nourrir de laitages, poissons et viande. Par ailleurs il faut éviter tout excitant durant cette période (café, thé, alcool, cigarette). Le temps de la reprise alimentaire est le même que celui passé à jeûner.

Chaque jeûne est une expérience unique. Pour ma part, j’ai eu lors de l’acidose des douleurs au niveau des reins, et ma compagne a eu quelques nausées. Les cinq premiers jours, mon sommeil était perturbé mais à partir du 6e j’ai ressenti de la sérénité et une grande vitalité. A part les deux premiers jours je n’ai pas ressenti de sensation de faim.

La capacité à jeûner semble être un mécanisme d’adaptation modelé par notre histoire. Notre organisme supporte mieux une carence en aliment qu’un excès. Aujourd’hui nous mangeons en trop grande quantité ce qui provoque énormément de maladies chroniques (diabète, obésité, maladies cardio-vasculaires…). Ce marché de la maladie est très juteux et rentable ; faire un jeûne va à l’encontre de la spéculation financière pharmaceutique. Cela donne à réfléchir.