Béatrice MOLLE-HARAN

Aberri Eguna ouvert pluriel et divers

Béatrice Molle-Haran. © Sylvain SENCRISTO
Béatrice Molle-Haran. © Sylvain SENCRISTO

C’est un rite immuable, un rendez-vous annuel se voulant l’affirmation d’un territoire aspirant à la souveraineté. C’est le sens de l’appel lancé par EH Bai à participer à l’Aberri Eguna, jour de la patrie, à Saint-Jean-Pied-de-Port. Avec une volonté claire d’ouvrir cette célébration au-delà du monde abertzale. Un pari, un défi d’aucuns diront, tant le mot “patrie” par les temps qui courent peut-être synonyme de fermeture, de populisme et de nationalisme rance. Un argument et un raccourci utilisé par les adversaires du mouvement aber-tzale assimilant non sans mauvaise foi, toute cause identitaire au repli sur soi, voire à la xénophobie.

L’affirmation par EH Bai dans son appel indiquant “notre nation est à tous et toutes” est fondamentale, et bien au-delà des mots traduit la réalité d’une pratique militante sur le terrain que nous connaissons, mais qu’il est bon de rappeler. Illustrée par l’engagement du mouvement abertzale, certes dans les institutions, mais aussi dans le champ social et économique avec une dénonciation sans faille de l’ultralibéralisme, et dernièrement une implication forte concernant la problématique des migrants, les plus vulnérables d’entre nous.

Le PNB dans son appel indique aussi que contrairement aux nationalismes présentés comme des valeurs d’exclusions et de rejets, notamment de l’Union européenne, il reste historiquement attaché à des valeurs d’intégration et européennes que sont le fédéralisme et la défense des diversités culturelles.

Bref, le mouvement abertzale dans sa diversité de la gauche au centre-droit n’a pas de leçon d’ouverture à recevoir de quiconque, et ne peut être assimilé et comparé en aucun cas à la montée xénophobe des populismes, et à celle de l’extrême droite en Europe. A ce sujet, un sondage du Cis (Centre d’investigation sociologique) dans l’Etat espagnol réalisé en prévision des prochaines élections législatives du 28 avril prévoit même au Pays Basque Sud la disparition de sièges au profit des partis de droite et d’extrême droite que sont le PP, Ciudadanos et Vox.

Cette affirmation de volonté d’inclusion sans ambiguité par EH Bai représentant aujourd’hui la première et principale force politique abertzale en Pays Basque Nord pose les bases d’un mouvement se devant de développer son attractivité pour avancer, et convaincre.

Un Pays Basque pluriel et ouvert comme sut l’incarner comme d’autres, abertzale ou non, celui qui fut maire d’Espelette Andre Darraïdou, et dont les obsèques ont eu lieu lundi dernier dans son village natal. Un parcours d’un “honnête homme” au sens humaniste du XVIIIe siècle qui mena ses combats pour le développement de son territoire avec une tranquille assurance. Ses proches nous faisaient part de sa grande capacité d’écoute et de son insatiable curiosité des autres. Une belle vie qui s’achève avec comme balise des valeurs d’ouverture et de partage.

Au-delà des différences politiques et sans angélisme, construisons notre pays ensemble, c’est le message de cet Aberri Eguna 2019, tout en gardant nos convictions. “Servir la patrie est une moitié du devoir, servir l’humanité est l’autre moitié”, disait Victor Hugo.

Honi buruzko guztia: edito