Anaiz Aguirre Olhagaray

Plan climat oui, industrie aéronautique aussi

Le site d’Anglet de l’usine Dassault, fabricant d’avions civils et de combat, va s’agrandir sur 14 000 mètres carrés. A Ayherre, la société Lauak s’étend elle aussi. La Communauté d’agglomération Pays Basque (CAPB), qui a cédé aux deux entreprises des terrains lui appartenant, se félicite du développement de l’industrie aéronautique, pourtant l’une des plus polluantes de la planète.

L'industrie aéronautique prospère, alors que l'avion émet une grande quantité de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique. (Pxhere)
L'industrie aéronautique prospère, alors que l'avion émet une grande quantité de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique. (Pxhere)

Pas touche au "fleuron" économique local. Crise climatique ou pas, l’industrie aéronautique est là, et doit le rester. L’un des modes de transports les plus polluants de la planète génère beaucoup de profits et crée des emplois. Alors pourquoi y renoncer ? En conseil permanent le 12 mars dernier, la CAPB a acté la cession de terrains lui appartenant à deux entreprises implantées sur le territoire : 2 660 m2 pour Lauak, 3 424 m2 carrés pour Dassault, fabricant d’avions de guerre.

Motif de cette acquisition, réalisée en novembre 2014 ? "Constituer une réserve foncière à caractère industriel en vue d’accueillir à terme des activités industrielles en lien direct ou indirect avec l’aéronautique", peut-on lire dans le compte-rendu des délibérations du 12 mars.

N’est-il pas contradictoire de soutenir la filière aéronautique lorsque, "en même temps", comme dirait l’autre, l’Agglo redouble d’efforts de communication sur ses engagements en matière de lutte contre le réchauffement climatique ? Sylvie Durruty, vice-présidente en charge du Développement économique, cherche pendant quelques secondes comment répondre : "Aujourd’hui, il y a un schéma de développement économique qui a été adopté par la CAPB le 2 février. C’est le volet à l’échelle du territoire du SRDEII, le Schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation".

Dans ce document, dit-elle, sont posés les huit domaines d’activités stratégiques sur lesquels l’Agglo va "prioritairement" mener son action. Et l’industrie aéronautique est une de ces priorités. "Encore plus aujourd’hui, car depuis le mois de mars, le Pays Basque est labellisé ‘Territoire d’industrie’", se félicite l’élue.

Dans un contexte de crise écologique sans précédent, peut-on dire que les emplois de l’industrie aéronautique sont des emplois durables, d’avenir ? L’élue chargée du développement économique se défend à coups de chiffres : "Franchement, je ne sais pas ce que vous cherchez à me dire. Mais je crois qu’aujourd’hui, à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine, cette industrie, c’est 70 000 emplois directs, 50 000 emplois industriels et 900 établissements industriels. À l’échelle hexagonale, c’est 16 % de l’activité nationale. Tous ces chiffres-là montrent qu’aujourd’hui, c’est une filière structurante et essentielle pour notre activité économique". Elle insistera : "Ce n’est pas en opposant les choses qu’on fait du développement économique".

Et le climat ?

Bingo ! A deux reprises, l’élue rebondira (timidement) sur la question du climat : "Bien évidemment, l’enjeu d’impact environnemental réduit et d’optimisation de cette industrie s’impose" dira-t-elle. "Comment imaginer qu’elles [les industries, ndlr] puissent demain se développer sans prendre en compte les contraintes et les enjeux environnementaux que nous parta... enfin que nous sommes censés tous partager ?". La nuance reste encore de mise.