Ximun LARRE

Des Pélissier à Roglic, le Tour du Pays Basque en héritage

Cyclisme • Comme chaque année au printemps, des grands noms du cyclisme ont rendez-vous au Tour du Pays Basque, épreuve historique du calendrier international.

Les frères Pélissier, premiers héros du Tour du Pays Basque, ici en 1920. © DR
Les frères Pélissier, premiers héros du Tour du Pays Basque, ici en 1920. © DR

Ce 8 avril à Zumarraga, une partie des meilleurs coureurs mondiaux sera présente pour le départ de l’Itzulia, le Tour du Pays Basque, qui s’achèvera cinq jours plus tard à Eibar. La succession du slovène Primoz Roglic est ouverte. Quel qu’il soit, le vainqueur inscrira son nom au côté de certains géants, dans une filiation remontant aux temps héroïques du cyclisme.

Tout commença dans les années folles. La première édition vit le jour au mois d’août 1924, sous l’appellation Circuit du Nord. Le Tour avait 21 ans, le Giro à peine un peul moins et la Vuelta n’existait encore même pas. Déjà les vedettes de l’époque se pressèrent en Pays Basque et Francis Pélissier remporta l’épreuve devant son frère Henri, vainqueur du Tour de France l’année précédente.

Les Pélissier, deux icônes immortalisées quelques semaines plus tôt, sur le Tour justement. L’immense journaliste Albert Londres, à peine rentré d’un reportage au bagne de Cayenne, venait de témoigner pour l’éternité de l’abandon fracassant des deux frères. Ces derniers, prompts à déballer les pilules avalées pour tenir le coup, n’en demandaient pas plus pour dénoncer leur “calvaire”. Les “Forçats de la route” allaient naître.

Un palmarès éloquent

Le Tour du Pays Basque connut une première interruption entre 1931 et 1934. Campionissimo en devenir, Gino Bartali remporta ensuite l’épreuve en 1935, avant la longue nuit du franquisme. Celle-ci n’était pas encore terminée lorsque l’épreuve ressuscita en 1969. Il fallait un coureur digne de ce nom pour succéder à Bartali et ce fut un Jacques Anquetil au crépuscule de sa carrière. D’Ocana à Contador, en passant par Baronchelli, Battaglin, Kelly, Roche, Chiapucci ou Rominger, nombre de cadors se sont succédés ensuite au palmarès.

Euskadi Murias et Caja Rural

Cette année, au côté des 18 équipes du World Tour présentes d’office, les organisateurs ont invité cinq équipes continentales. Parmi elles, les locaux d’Euskadi Murias et Caja Rural, désireux de briller devant leur public. Ceux qui montent en puissance en vue des grands tours (Thomas, Quintana, Landa) y croiseront certains spécialistes des classiques ardennaises dont l’intenable Julian Alaphilippe.

Délaisser un peu le bitume

Pour tenter de renouer avec une forme de course à l’ancienne, les organisateurs ont cédé à l’air du temps. Les coureurs emprunteront ainsi un passage de route en terre lors de la deuxième étape, dans la vallée d’Eguesibar, près d’Iruñea. Pour le reste, le profile reste accidenté avec l’arrivée traditionnelle au sanctuaire d’Arrate (5e étape) ou le parcours montagneux tracé autour d’Eibar, le dernier jour.

Sans doute à la recherche d’images spectaculaires, les organisateurs y proposeront pour la première fois l’ascension du Karakate. “Une route en ciment, pas très dure, en parfait état mais très étroite”, a prévenu dans El Diario Vasco, l’ancien coureur bizkaitar Pedro Horillo. A l’heure où le cyclisme est malade de sa modernité, que ne fait-on pas pour tenter de renouer, ne serait-ce qu’un instant, avec l’époque mythique des Pélissier ?

L’Itzulia 2019 

1ère étape (8 avril) : Zumarraga - Zumarraga (contre-la-montre individuel), 11,5 km

2è étape (9 avril) : Zumarraga – Gorraiz, 149,5 km

3è étape (10 avril) : Sarriguren - Sanctuaire d'Estibaliz, 191,4 km

4è étape (11 avril) : Gasteiz – Arrigorriaga, 164,1 km

5è étape (12 avril) : Arrigorriaga - Sanctuaire d'Arrate, 149,8 km

6è étape (13 avril) : Eibar – Eibar 118,2 km