Anaiz Aguirre Olhagaray

Egalité femmes-hommes en politique : du chemin reste à faire

Le rapport de l’Agglo en matière d’égalité femmes-hommes a été présenté ce samedi 16 mars en conseil communautaire. Il a donné lieu à de riches échanges autour de la question d’un quota pour une juste représentativité féminine dans la vie politique locale.

L’année dernière, la signature de la Charte européenne pour l'égalité entre femmes et hommes avait attiré peu d'élus hommes.
L’année dernière, la signature de la Charte européenne pour l'égalité entre femmes et hommes avait attiré peu d'élus hommes.

Tout juste un an après que la Communauté d’agglomération Pays Basque (CAPB) a signé la Charte européenne pour l’égalité femmes-hommes dans la vie locale, la vice-présidente en charge de la Transition écologique Martine Bisauta a présenté le rapport annuel sur la situation de l’Agglo en matière d’égalité femmes-hommes. Bilan : les femmes sont sous-représentées en politique, en particulier dans les territoires ruraux.

En 2018, le conseil communautaire comprend 53 élues titulaires sur un nombre total de 233 (soit 23 %), avec une répartition très inégale dans les différents pôles territoriaux. Tandis que les anciennes agglomérations Côte basque-Adour et Sud Pays Basque atteignent presque la parité, la proportion de femmes en zone rurale est bien plus faible : trois femmes sur 14 élus en Errobi, deux femmes sur douze en pays d’Hasparren, six femmes sur 36 en Soule, une sur 30 à Garazi-Baigorri…

Sur les 69 membres du conseil permanent, douze sont des femmes (17 %). Seules quatre d'entre elles siègent au conseil exécutif composé de 25 membres, dont trois vice-présidentes sur quinze et une conseillère déléguée sur neuf. Les 158 communes de la CAPB sont administrées par 2 304 élus dont 886 femmes (38 %). Parmi elles, 16 sont maires de leur commune et 210 adjointes au maire.

Des emplois genrés

Sur les 923 emplois permanents à l’Agglo, 414 sont occupés par des femmes (45 %). Elles sont particulièrement représentées dans l’encadrement. La proportion d’hommes est plus forte dans les emplois de catégorie C, des métiers techniques traditionnellement plus masculins, en particulier la collecte et valorisation des déchets ainsi que l’assainissement. Les emplois de la filière administrative ou des filières animation, sociale et médico-sociale sont à dominante féminine.

Les femmes occupant un poste permanent travaillent très majoritairement à temps partiel (85 %). Chez les hommes, la proportion est seulement de 15 %. "Le temps partiel de droit [79 % des femmes à temps partiel] est majoritairement sollicité suite à l’arrivée d’un enfant dans le foyer familial", précise le rapport.

"Compliqué" d’impliquer les femmes

"Je n’aurai aucun optimisme, tant que la loi n’imposera pas une égalité réelle" a réagi Colette Capdevielle. Elle se souvient des vives critiques il y a vingt ans, lorsque la parité fut imposée au sein des conseils municipaux. Faisant référence au taux de femmes maires dans l’État français, l’élue scande : "Imaginez messieurs, que vous ne représentiez que 16 % de la population pour prendre les décisions du territoire !"

Pour Marie-José Mialocq (maire d’Arbonne), le dispositif de quota est "une avancée majeure". Elle-même fait partie d’un groupe de travail au sein de l’Association des maires de France, spécifique à la question de la parité.

"C’est vraiment compliqué d’impliquer des femmes en politique", proteste Beñat Cachenaut (Iholdy). Didier Irigoin renchérit : "Nous sommes très inquiets qu’une loi oblige à la parité et instaure un quota". Le maire de Béguios estime avoir déjà "beaucoup de mal" à constituer des listes. "Si en plus on nous ajoute une complication supplémentaire !", s’exclame-t-il.

Le président Jean-René Etchegaray tempère : le problème vient du statut de l’élu, et du fait qu’il est plus difficile pour une femme de "se vouer à la vie politique". Christelle Cazalis (Hendaye) approuve. S’engager en politique lorsqu’on est une femme "n’est pas une question de volonté mais de possibilité, quand on a trois ou quatre vies à mener dans une même journée".

La politique façonnée par l’homme

Applaudi par ses collègues féminines, Sauveur Bacho a plaidé pour une modification des pratiques politiques : "Les hommes et les femmes n’ont pas la même conception de la façon de mener la vie politique. Les heures de réunion, comme elles sont menées… le manque d’engagement des femmes vient du fait qu’elles n’ont simplement pas envie de rentrer dans nos codes. Il faut les changer, en complémentarité avec les femmes".

"En est-on capable ?" Pour Martine Bisauta, les femmes ont intériorisé leur supposée incompétence. Elles ressentent sans cesse le besoin de justifier la place qu’elles occupent, comme si elles devaient en permanence "prouver qu’elles ne l’ont pas usurpée". Des freins que Bisauta a appelé ses consœurs à dépasser. "Il faut qu’on prenne confiance en nous", a-t-elle conclu.