Goizeder TABERNA

Malaise dans les services du Département

Le Conseil départemental 64 a engagé une mission d’évaluation sur l’organisation de son personnel.

Mobilisation contre la “régression sociale” dans les rues de Bayonne. (Photo d'archives) © Aurore Lucas
Mobilisation contre la “régression sociale” dans les rues de Bayonne. (Photo d'archives) © Aurore Lucas

La collectivité chargée du social subirait une crise sociale. C’est du moins ce que dénoncent les élus de gauche et les syndicats. Le Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques a lancé une mission d’information et d’évaluation sur la réorganisation des services. D'une durée de cinq mois, elle devrait être lancée cette semaine.

Cela répond à la demande du Groupe de gauche 64. "Dans les services, les tensions sont vives", a assuré le président du groupe, Henri Etcheto, lors de la session plénière du 14 février. En cause, la réorganisation des services, "mais peut-être aussi par le management à flux tendu qui paraît l’accompagner" ajoute le conseiller départemental de Bayonne. Les usagers pâtiraient de cette situation. "On sent bien qu’une politique de restriction de postes s’avance sans dire son nom, alourdissant et compliquant des charges de travail déjà difficiles", a prévenu Etcheto lors du vote du budget primitif de 2019.

Il a exprimé ses craintes sur l’amputation de 7 millions d’euros dans le budget du personnel. Mais la vice-présidente du Conseil départemental, Isabelle Lahore, a rétorqué que cet argent aurait été se nicher dans une autre ligne budgétaire et la baisse serait de 2 millions d’euros. "Il faut ajouter à cela, les 2 millions qui auraient dû être intégrés du fait de la hausse mécanique des frais de personnel d’une année à l’autre", relève tout de même Aurélien Sourine, le secrétaire général du groupe.

175 postes non pourvus

Comme à chaque changement de majorité, une réorganisation des services a été engagée en 2016. Dès lors, les élus d’opposition et syndicats parlent de dysfonctionnements. Déjà en novembre, un mouvement de grève, à l’appel des syndicats CGT et Sud, a alerté des conséquences que subiraient les agents. Représentante de la CGT, Sandra Pereira s’inquiète de l’état de santé du personnel : "entre 2017 et 2018, nous avons signalé une augmentation importante du nombre d’arrêts maladie. D’après les données récemment obtenues dans le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), en 2017, 43 % des agents ont eu un arrêt maladie, cela représenterait 28 000 jours, soit 28 jours par agent". Ces chiffres excluent les arrêts de longue durée et les accidents de travail.

Puis elle se réfère au tableau des effectifs pour affirmer que sur les 175 postes de titulaires non pourvus, 73 sont des vacataires. Les 102 restants ne seraient pas occupés. Pour elle, le chiffre clé est celui des postes non pourvus, car, à coup de vacataires, les services ne trouveraient pas de stabilité. D’après la syndicaliste, ce serait les services sociaux et les collèges qui pâtiraient le plus de ces dysfonctionnements. Par ailleurs, dans les services attachés à la prise en charge des mineurs non accompagnés, peu d’embauche auraient été réalisées, alors que le nombre de jeunes ne fait qu’augmenter du fait de l’arrivée importante de migrants.

Le malaise s’exprime dans un contexte de contestation contre la loi dite de "Transformation de la fonction publique", pour laquelle la Coordination syndicale départementale (CSD) regroupant les syndicats des agents territoriaux du Pays Basque a appelé à la grève le 19 mars prochain, à Bayonne.