AINHOA AIZPURU

Sanchez demande pardon aux exilés républicains à Argelès-sur-Mer

Le chef du gouvernement espagnol a réalisé une brève tournée dans plusieurs localités du sud de l’Hexagone pour rendre hommage aux républicains espagnols qui ont quitté le pays après la victoire de Franco au printemps 1939. C’est la première fois qu’un président espagnol leur rend hommage officiellement.

Sánchez était dans le sud de l'Hexagone ce dimanche 24 février pour commémorer les 80 ans de la Retirade. (NAIZ.EUS)
Sánchez était dans le sud de l'Hexagone ce dimanche 24 février pour commémorer les 80 ans de la Retirade. (NAIZ.EUS)

Pedro Sanchez, président du gouvernement espagnol, s’est rendu dans le sud de l’Hexagone pour rendre hommage aux républicains espagnols qui se sont exilés il y a maintenant 80 ans. Il s’agit d’une première car, si les présidents socialistes précédents ont déjà montré à plusieurs reprises leur solidarité envers les républicains des années trente, aucun hommage officiel n’a jamais eu lieu.

Sanchez s’est d’abord rendu à Montauban pour visiter la tombe de Manuel Azaña, président de la République espagnole entre 1936 et 1939, décédé dans cette ville en 1940 après la victoire de Franco. M. Azaña, anticlérical de gauche, est aussi connu comme intellectuel et écrivain. Par la suite, le président socialiste a visité Collioure où se trouve la tombe d’Antonio Machado, un écrivain et poète sévillan qui s’est éteint dans cette ville en 1939. Lui aussi avait fui le pays après la victoire des franquistes.

Aux cris de "fasciste"

La tournée s’est achevée à Argelès-sur-Mer, où se trouvait le plus grand des camps de concentration. Plus de 100 000 républicains espagnols fuyant l’avancée des franquistes y ont été parqués par les autorités de la troisième République française dans des conditions terribles. A Argelès, une petite cérémonie s’est déroulée en hommage aux exilés. Beaucoup d’entre eux ont intégré la Résistance et certains ont même fini dans des camps de concentration nazis.

Sanchez était accompagné de descendants de républicains, ainsi que d’historiens et intellectuels. Il a énoncé un discours contre les extrémismes en allusion au nouveau parti d’extrême droite VOX. Il a également déclaré que la Constitution de 1978 a restauré les valeurs de la Constitution républicaine de 1931 et a demandé pardon aux républicains exilés. Au cours de la cérémonie, un groupe d’indépendantistes catalans a interrompu son discours aux cris de "fasciste", ce qui a suscité une forte émotion auprès des présents, notamment les familles des exilés ayant fui le fascisme de Franco.

Campagne électorale

Face à ceux qui l’ont accusé d’aller à l’étranger faire un acte de campagne électorale, Sanchez s’est défendu en expliquant que le voyage était prévu avant la convocation des élections, et que la date a été choisie en raison du 80ème anniversaire de la mort d’Antonio Machado, le 22 février. Il a aussi expliqué qu’il s’est rendu par la même occasion là où sont enterrés M. Azaña et A. Machado et là où des centaines de milliers de républicains ont été enfermés dans des camps de concentration.