Iurre BIDEGAIN et Ainhoa AIZPURU

Climat : stop aux paroles, place à l'action

Ce jeudi matin, des groupes de Bizi! et du mouvement climat Action Non Violente-COP 21, se sont emparés de portraits officiels d’Emmanuel Macron dans les mairies de Biarritz et d'Ustaritz. Des actions similaires ont eu lieu à Paris et à Lyon.

Ce matin, aux alentours de 11 heures, des militants de Bizi! et du mouvement climat Action Non Violente-COP 21 (ANV-COP 21) sont entrés dans les mairies de Biarritz et d’Ustaritz afin de retirer les portraits officiels du président de la République. Leur objectif : dénoncer l’inaction politique du gouvernement sur le climat et sur le plan social.

Des actions symboliques pour dénoncer l’inaction de président Macron face à l’urgence climatique et sociale. Brandissant des banderoles où l’on pouvait lire "Climat, justice sociale : où est Macron ?" ou encore "Climat, justice sociale, sortons Macron !", les militants ont dénoncé les "beaux slogans" et les "grands débats" du président de la République, alors que la société fait face à des problématiques nécessitant des actions fortes et urgentes. C'est pourquoi ils ont choisi de joindre l'action à la parole et ont décidé de sortir les portraits de Macron des mairies de Biarritz et d’Ustaritz. Les portraits officiels ont été décrochés avant d'être transportés hors des enceintes publiques.

Bruno Carrère, maire d’Ustaritz, se dit surpris du choix de sa ville mais pense que le fond de la revendication portée par les mouvements est justifié. "Le fait qu’Ustaritz soit concerné, et placé au même niveau que Lyon et Paris, est presque flatteur", déclare-t-il. Il souligne qu’il n’y a pas eu de dégradation et qu’il s’agit bien d’une action menée dans les mêmes modalités que celles dont est coutumière l’association. C’est pour cela qu’il ne voit pas l’intérêt de porter plainte. Ce qu'il reste à faire, selon le maire, c’est remplacer la photo. "J’ai eu Bizi! et ils m’ont confirmé que la photo va voyager. On devra mettre la main à la poche pour dépenser 15 euros et remplacer le portrait", explique-t-il avec un sourire.

Bizi! a remplacé le portrait de Macron dans la mairie d'Ustaritz. ©Guillaume Fauveau

La réaction du maire de Biarritz Michel Veunac a, par contre, été complétement différente. Loin de sourire, l’édile biarrot souligne que l’action a été menée dans "un lieu traditionnellement respecté et sanctuarisé en démocratie". Il qualifie l’action "d’imbécile" qui "disqualifie" ses auteurs. "La question du changement climatique et celle de la transition écologique, au cœur du prochain G7, sont des sujets trop sérieux pour être traités par des coups médiatiques de potaches, vides de sens", dit-il à travers un communiqué.

Les militants de Bizi! et d'ANV-COP21 ont lancé un appel à la généralisation de telles actions de réquisition sur tout l’Hexagone. Pauline Boyer, une des porte-paroles des activistes d’ANV-COP21 a ainsi déclaré : "Tant que le président Macron ne sera pas au rendez-vous de l’Histoire, nous laisserons dans chaque mairie ce vide illustrant si bien sa politique réelle face au péril climatique et à l’urgence sociale".

Une réponse jugée insuffisante

Les actions simultanées menées ce jeudi matin interviennent suite à la réponse du gouvernement français, rendue publique ce 15 février, à l’interpellation pour "inaction face aux changements climatiques" signée par plus de 2 millions de citoyens. Une réponse jugée insuffisante par les associations et une grande partie de la population. Elle confirmerait en effet le non changement de cap de la part du gouvernement français en matière de lutte contre le dérèglement et les risques d’emballement du climat. De plus, elle intègrerait de fait la défaite programmée de la bataille pour faire respecter les objectifs de l’Accord de Paris, à savoir contenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C voire 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

L'heure n'est plus aux consultations

Aujourd'hui, l’ensemble des militants pour le climat s’accordent sur un point : l’urgence de la situation. Les rapports et alertes lancées par les scientifiques sont unanimes. On sait actuellement ce qu’il faut faire : réduire de toute urgence et radicalement les émissions de gaz à effet de serre au lieu de les augmenter comme cela se passe actuellement sur l’Hexagone, laisser les énergies fossiles dans le sol au lieu d’autoriser les multinationales à explorer pour en trouver des nouvelles, mettre en place des politiques d’énergie et de transfert sur des mobilités douces ou ferroviaires au lieu de continuer à faire des autoroutes et à booster le transport aérien, partager les richesses et lutter contre l’obsolescence programmée au lieu de produire toujours plus, préserver les terres de leur bétonisation, ou encore relocaliser et réguler au lieu de ratifier le CETA.

Pour les militants, l'heure n'est plus à de nouvelles consultations ou procédures de débat, mais bien à l'action.