Goizeder TABERNA

Aberri Eguna sera célébrée dans deux villes

Saint-Jean-Pied-de-Port et Iruñea accueilleront la fête de la nation basque. Cette année, elle est organisée par les mouvements abertzale EH Bai et EH Bildu.

Jasone Agirre et Anita Lopepe ont annoncé un Aberri Eguna "contre le fascisme et l'autoritarisme". © Jon URBE/FOKU
Jasone Agirre et Anita Lopepe ont annoncé un Aberri Eguna "contre le fascisme et l'autoritarisme". © Jon URBE/FOKU

La montée des extrêmes droites, la crise sociale des gilets jaunes, la centralisation du pouvoir. Face à un contexte politique changeant, les partis abertzale font le pari de la souveraineté pour construire une société plus juste. L’Aberri Eguna, la journée de la nation basque, organisée le 21 avril à Saint-Jean-Pied-de-Port et Iruñea est l’occasion pour Euskal Herria Bai (EH Bai) et son pendant au Pays Basque Sud Euskal Herria Bildu (EH Bildu) de revendiquer l’Etat basque.

Dans une conférence offerte à Donostia, le 19 février, les représentantes des mouvements abertzale ont présenté le sens de cette journée qui réunit les habitants des sept provinces basques. "Nous considérons la souveraineté comme un outil qui nous permet de continuer de vivre en tant que peuple et dans le même temps d’avoir les moyens de construire une société plus juste", ont déclaré Anita Lopepe d’EH Bai et Jasone Agirre d’EH Bildu.

Organisée ces dernières années par Independentistak Sarea, mouvement dont le but était de créer un événement au-delà des étiquettes des partis, cette année EH Bildu et EH Bai ont pris l’initiative. "Jusqu’à présent ce type de rendez-vous n’a pas permis de rassembler tous les partis politiques, mais tous les citoyens non plus", font-ils remarquer avant de s’engager à œuvrer pour un Aberri Eguna le plus unitaire possible en 2020.

Le Pays Basque dans sa pluralité

L’Aberri Eguna se veut une journée de tous ceux qui vivent et travaillent dans les sept provinces. Le Pays Basque dans sa pluralité sociale, culturelle et linguistique. "L’Aberri Eguna doit être le reflet et la célébration de cette pluralité", estime Anita Lopepe.

Le reflet d’une société qui évolue rapidement. Les avancées de l’extrême droite en Andalousie et la répression exercée par l’Etat espagnol en Catalogne suscite l’inquiétude des représentantes abertzale. "De la même manière, la France a montré son visage le plus violent derrière son masque de république dans la gestion de crise des Gilets jaunes", dénoncent-elles.

Après s’être réjouies de la création de la Communauté d’agglomération Pays Basque, une institution à "renforcer", elles ont mis le cap sur la Collectivité Territoriale à statut particulier. Dans ce sens, "les élections municipales de 2020 revêtent une importance particulière pour le mouvement abertzale", a pointé la porte-parole d’EH Bai.

Visage le plus dur du néolibéralisme

Elle a ensuite relevé les entraves imposées par Paris à la langue basque et l’absence d’avancées dans le dossier des prisonniers basques, mais aussi le recul dans le domaine des acquis sociaux. Ce qui lui fait dire que "les Etats et l’Europe elle-même montrent clairement quel est leur plan : centralisation, technocratie, soutien au pouvoir financier, recul de la démocratie…" Et d’ajouter : "Nous devons prendre l’engagement de la souveraineté face au visage le plus dur du néolibéralisme et l’involution des Etats".

La Navarre montrerait l’exemple de la construction d’une alternative selon elle. A la veille des élections locales au Pays Basque Sud, elle fait allusion au renversement de la droite navarraise il y a quatre ans par une coalition de gauche et abertzale.

Quant aux élections législatives fraîchement annoncées à Madrid, le 28 avril, les abertzale affirment : "Il nous semble important d’agir collectivement. Plus que de la solidarité entre nations sans Etat, nous avons besoin d’action collective. Chaque fois que cela sera pertinent et possible, agir ensemble, regrouper nos forces. Dans cette perpective, l’enjeu du 28 avril prochain est primordial".