Béatrice MOLLE-HARAN

Une reprise du dialogue urgente et nécessaire

Et aujourd’hui,il serait irresponsable que tout cela ne déboucha sur rien, rendant caduques toutes les évolutions qui se sont produites depuis plus de sept années

Béatrice Molle-Haran. © Sylvain Sencristo
Béatrice Molle-Haran. © Sylvain Sencristo

Un succès sans appel. Les manifestations qui se sont déroulées samedi 12 janvier tant à Bayonne qu’à Bilbo ont réuni plus de 85 000 personnes. Un chiffre plus qu’éloquent si l’on considère que le Pays Basque Nord et Sud comptent pas loin de trois millions d’habitants. Une proportion qui peut faire rêver, à juste titre, n’importe quelle organisation politique, syndicale ou sociale. Sans verser dans l’auto-satisfaction, cette manifestation a permis de visualiser la pluralité des soutiens et des engagements concernant les droits des prisonniers basques et notamment le respect du droit commun à leur encontre.

Reste donc aujourd’hui à renouer le fil d’un dialogue dont la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, affirme qu’il n’est pas rompu. Des avancées ont été réalisées, et cela, personne ne peut le nier, mais la suite sera déterminante. Et il est difficile d’imaginer, et somme toute désespérant, qu’il ne se passera rien. Et qu’un dialogue entre le ministère de la Justice et la délégation du Pays Basque ne débouche pas sur d’autres avancées. Car la volonté d’en finir d’une façon juste et humaine est partagée par la majorité des habitants de ce territoire. Certes, certains élus étaient absents de cette manifestation, mais nous savons qu’ils partagent la volonté d’aboutissement de ce processus, les divergences portent sur les moyens d’y parvenir, c’est le cas du mouvement En marche (LREM) qui n’a pas appelé à la manifestation mais qui fait siennes les revendications portées. Il est à souligner cependant que plusieurs élus LREM, dont Christain Millet-Barbé et Vincent Bru, ont répondu à l’appel comme 65 % des maires du Pays Basque Nord.

ll est aussi primordial de revenir sur la question des victimes de la lutte armée et de répondre à ceux estimant qu’elles ne sont pas prises en compte par les organisations impliquées dans le déroulement du processus de résolution. Ces assertions sont fausses. Personne ne doute de la nécessaire reconnaissance des souffrances et des tragédies endurées par les uns et les autres. Serions-nous dans ce pays plus sots que d’autres à l’heure de la recherche de solutions qui ont été trouvées sous d’autres latitudes ?

Des solutions d’avenir portées par des secteurs divers et pluriels et où l’on peut rencontrer en majorité des personnes opposées depuis de nombreuses années à la violence politique. Et disposées aujourd’hui à aider et à soutenir ceux et celles qui unilatéralement ont fait le choix de la fin définitive de la lutte armée.

C’était le sens premier de l’action de Louhossoa, casser la spirale infernale de la haine et de la rancœur engendrant l’immobilité, en prenant responsabilités et risques. Et aujourd’hui, il serait irresponsable que tout cela ne débouche sur rien, rendant caduques toutes les évolutions qui se sont produites depuis plus de sept années. Cela, la société du Pays Basque Nord l’a compris et sait passer outre les querelles, affrontements passés et batailles d’égos politiques, car mesurant l’enjeu fondamental de la paix.

En cela, le succès de la manifestation de samedi est un formidable message d’espoir, et l’on souhaite que l’avenir ne donne pas raison aux cassandres ne possédant aucune vision d’avenir. Chacun et chacune doit être partie prenante dans cette page d’histoire qui s’écrit sous nos yeux.