Anaiz Aguirre Olhagaray

Sommet du G7 à Biarritz : les commerçants dans l’incertitude

La journée du 18 décembre à Biarritz aura marqué tous les esprits, ceux des commerçants y compris. A l’occasion de la venue du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, la place Clémenceau était bouclée, les commerces difficiles d’accès même pour leurs propres salariés. Une sorte d’avant-goût du sommet du G7 qui se tiendra du 24 au 26 août 2019. Le choix de la date suscite une certaine inquiétude chez les commerçants du centre-ville biarrot.

Les commerçants de la place Clémenceau espèrent obtenir rapidement plus d'informations sur ce que va impliquer pour eux la tenue du G7. © Bob EDME
Les commerçants de la place Clémenceau espèrent obtenir rapidement plus d'informations sur ce que va impliquer pour eux la tenue du G7. © Bob EDME

À huit mois du sommet des sept puissances mondiales, qui se déroulera à Biarritz les 24, 25 et 26 août prochains, les commerçants de la place Clémenceau affichent une certaine perplexité. La rumeur court selon laquelle ils devront fermer boutique pendant trois jours, voire plus. Le maire de Biarritz, de son côté, a assuré que les commerces resteraient ouverts. Mais pour l’élu d’opposition François Amigorena, le sommet du G7 ne sera nullement synonyme de retombées économiques.

Côté chiffres, le 18 décembre a été une excellente journée pour la petite boulangerie des Templiers, tenue par Pauline et Jeanne. "Grâce aux Gilets jaunes et aux journalistes, on a fait 150 euros de plus". Un bond non négligeable lorsqu’au creux de l’hiver, le chiffre d’affaires journalier ne dépasse guère les 200 euros. Un bond oui, mais au prix de relents de gaz lacrymogène qui se sont infiltrés jusque dans sa boutique, lui causant des douleurs à la tête. "Je n’étais pas tranquille", se souvient-elle. Le vendeur de marrons chauds, qui officie "depuis quelques décennies" en face des Galeries Lafayette témoigne, lui, avoir été "empêché de travailler" ce jour-là.

Comme tous les autres commerçants rencontrés ce 16 janvier, Jeanne ne sait rien sur la façon dont va se dérouler le G7. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’une journée en plein mois d’août lui rapporte environ 4 000 euros. Le bruit court selon lequel les commerces vont devoir fermer pendant trois jours, voire une semaine. "Huit jours avant la venue du ministre à Biarritz, j’ai reçu un e-mail me disant que tout irait bien, qu’il ne fallait surtout pas que je ferme", se rappelle la gérante du restaurant Le Royalty. Or, ce jour-là, elle a eu beaucoup de mal à accéder à son lieu de travail, à cause des barrières. "C’est une honte", réagit-elle. "Les policiers m’ont même conseillé de fermer !" En l’occurrence, la clientèle n’a pas afflué ce jour-là dans son restaurant. Au café Le Georges aussi, "on s’attend à être fermé mais on ne sait rien".

Veunac : "Les commerces resteront ouverts"

En marge de la cérémonie des vœux de la Ville de Biarritz le 15 janvier, le maire Michel Veunac a reconnu qu’il ne leur avait "pas encore fourni suffisamment d'informations" et que "c’est normal qu’il y ait de l’inquiétude". Il a affirmé que "les représentants de la Ville se sont déjà réunis avec les associations de commerçants. Ce mercredi, ce sera au tour des hôteliers, puis des syndics d’immeubles, etc." Il a ajouté qu’en plus de ces réunions d’information, la commune mettrait en place "un dispositif pour les six mois à venir doté d’un numéro vert et d’un centre d’information".

Michel Veunac a assuré que l’activité de Biarritz se déroulerait "normalement" et que pendant le sommet, les commerces resteraient ouverts. Mercredi prochain, la préfecture et la mairie donneront plus de précisions sur les zones sécurisées. L’édile de Biarritz a demandé à ce que celles-ci soient réduites au maximum. Une zone rouge, très contrôlée, ira de l’Hôtel du Palais à l’espace Bellevue, en passant par le Casino municipal. Dans la zone bleue, dont les accès seront contrôlés, les résidents et les professionnels pourront circuler munis d’un badge.

Amigorena : "La ville sera en quasi état de siège"

"Il faut transformer les contraintes en atout", a poursuivi Michel Veunac. Comme annoncé le 14 décembre, un "comité de valorisation du territoire" a été créé avec plusieurs acteurs (la Région, la Communauté d’agglomération Pays Basque, le Conseil de développement et la Chambre de commerce et d’industrie). Sa mission est de faire connaître le territoire, son économie, sa culture, tout au long de l’année jusqu’au sommet, en organisant des voyages de presse et en développant la communication, "tout ceci afin que le G7 ne soit pas hors-sol".

Pour le conseiller municipal de l’opposition François Amigorena, "on nous fait miroiter des retombées économiques" alors que la cité balnéaire jouit déjà d’une importante notoriété. C’est plutôt l’inverse qui pourrait se produire selon lui, surtout "si [le sommet du G7] est émaillé de violences", comme le 18 décembre dernier. "À chaque G7, il y a des manifestations, des groupes de black-blocks... Pour les précédents sommets, le dispositif de sécurité était mis en place dix à quinze jours avant", affirme-t-il, ce qui n’est pas sans impact selon lui. Il en est convaincu, "la ville sera en quasi état de siège".

François Amigorena a créé un groupe sur Facebook (Biarritz Notre Ville) rassemblant exclusivement habitants et commerçants implantés à Biarritz. Le 7 janvier, il a lancé un sondage en formulant la question suivante : "Êtes-vous favorable à la tenue du G7 à Biarritz les 25, 26 et 27 août ?". La majorité des répondants a voté par la négative, et selon le conseiller municipal, les 90 commentaires associés à la publication expriment eux aussi un large désaccord.