Xan Idiart

Agriculture : “On peut s'adapter au changement climatique”

Patrice Mahieu est agronome à la Chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques. Face à la crise environnementale, il l'assure, l'acclimatation des agriculteurs est possible et existe déjà.

Pour Patrice Mahieu, l'adaptation des agriculteurs au changement climatique est possible et devra être financièrement accompagnée. © Chambre d'Agriculture 64.
Pour Patrice Mahieu, l'adaptation des agriculteurs au changement climatique est possible et devra être financièrement accompagnée. © Chambre d'Agriculture 64.

Ressentez-vous de l'inquiétude chez les agriculteurs à propos du changement climatique et des conséquences qu'il peut avoir sur leur travail ?

Patrice Mahieu : Il est encore difficile d'affirmer catégoriquement que la météo capricieuse de ces dernières années, un temps pluvieux puis un été sec, est lié à ça mais oui il y a de l'inquiétude. Surtout pour anticiper et limiter les dégâts. Si le changement météorologique est progressif, l'agriculture et les agriculteurs sont capables de s'adapter. On peut trouver par exemple des maïs qui résistent plus à la sécheresse. On a des espèces herbacées qui vont bien passer l'été, on va fourrager en été et ça va un peu plus pousser en hiver. On peut s'adapter, mais ça ne veut pas dire que ça sera facile. Il faudra du temps. Quand il s'agit d'inondation ou de fortes grêles, c'est du ponctuel et on ne peut pas faire grand-chose.

Justement, quelles seront les conséquences de ce réchauffement ?

P.M : Cette adaptation dont on parle déjà. Elles s'ajoutera aux autres adaptations règlementaires et environnementales. Les agriculteurs sont prêts pour cela, mais il faudrait leur garantir une aide financière qui puisse leur permettre de se lancer. Investir n'est pas évident.

Il faudrait donc que l’État aide les agriculteurs à changer leur mode de travail ?

P.M : Je ne sais pas. Là, il s'agit de politique. Moi je ne peux donner qu'une réponse à mon niveau d'agronome. Mais en tout cas, il faudra aider les agriculteurs. Déjà pour qu'ils apprennent et puissent acquérir un nouveau mode de production. Ça suppose qu'il y aura peut-être des échecs au départ, mais il faudra passer par là. On pourra aussi s'il le faut imiter des modes d'agricultures d'ailleurs qu'on connaît, mais que nous n'avons jamais essayés. Pour que l'agriculteur ose avancer, il faudra dans tous les cas l'accompagner dans ses démarches.

Vous parliez du maïs tout à l'heure. Est-ce qu'on pourrait remplacer une espèce par une autre ?

P.M : Ce n'est pas tellement une question d'espèce. On va plutôt travailler sur de la sélection variétale. On va tester du maïs dans différentes conditions plus ou moins sèches et il y a des variétés naturelles qui vont résister un peu plus. On va adapter les dates de semi par exemple. On est capable d'avancer et il y a déjà des choses qui sont faites actuellement. On sait très bien qu'on ne va pas mettre le même maïs sur les terres du Pont-Long que sur les zones plus séchantes à Bidache. On met déjà des variétés différentes, donc ce travail peut être mené. On peut aussi aller sur d'autres plantes qui sont intéressantes. Après, tout dépend du type de culture et de leur but, et il faut travailler en fonction de ce que l'agriculteur est en capacité de faire. Aujourd'hui on n'est plus sur une réponse globale. Il y a un éventail de possibilités, mais on est, je le répète, dans de l’adaptation. Quand on a une exploitation de 50 hectares avec des élevages, ou 200 hectares sur des coteaux séchants, l'adaptation ne sera pas la même. L'agriculture est beaucoup plus compliquée qu'avant. Il y a des contraintes économiques et environnementales qu'il n'y avait pas.

Des contraintes économiques et environnementales. On en revient toujours à ça.

P.M : Oui, car même si on peut s'adapter au changement climatique, il ne faut pas oublier qu'il y a en même temps une disparition des produits phytosanitaires. Il y a des contraintes économiques fortes sur les cultures de vente, sur les zones d'élevage. Mais en retour, il y a des opportunités qui se développent avec des marchés qui se diversifient au niveau des coopératives. Par exemple, il y a plus de marché de vente directe. Les circuits courts se multiplient. Les solutions sont là.