Anaiz Aguirre Olhagaray

Agglo Pays Basque : l’édifice politique prend forme

La Communauté d’agglomération Pays Basque (CAPB) a posé ce samedi 15 décembre les 21 socles qui bâtiront sa politique publique. Elle l’a construite sur mesure, optant pour certaines compétences facultatives qui traduisent son ambition et son volontarisme politique.

C'est à une large majorité voire à l'unanimité que les points à l'ordre du jour ont été adoptés ce 15 décembre en conseil communautaire. © Bob EDME
C'est à une large majorité voire à l'unanimité que les points à l'ordre du jour ont été adoptés ce 15 décembre en conseil communautaire. © Bob EDME

La construction de l’édifice se poursuit. Les socles de la CAPB ont été posés au conseil communautaire de ce 15 décembre, en présence de 220 élus du territoire. Comme autant de piliers maintenant solidement l’ensemble, l’Agglo a adopté 21 compétences réparties en trois groupes : les "socles", les "volontaristes" ainsi que les politiques "de développement territorial". Détail architectural unique dans l’Hexagone : la gouvernance en faveur de la préservation du foncier agricole, adoptée à l’unanimité.

Sur mesure, c’est ainsi qu’elle l’a voulue. Créée le 1er janvier 2017, la CAPB disposait d’un délai de deux ans pour dessiner les contours de sa politique publique. L’"architecture" y est, dit le président de la CAPB Jean-René Etchegaray. Le "second œuvre" est à venir, lorsque d’ici quelques mois sera présenté le projet communautaire. En d’autres termes, aujourd’hui, c’est le "contenant" et non le "contenu" qui a été adopté. Hormis celles imposées par la loi, la CAPB a sélectionné des compétences optionnelles (toute agglo est tenue d’en choisir au moins trois), ainsi que des compétences facultatives, prises à titre volontaire.

Une politique agroalimentaire à l’échelle du territoire

Les orientations prises préfigurent une bonne adéquation aux besoins du territoire. Pièce maîtresse de sa politique agricole, de fabrication maison, l’Agglo a fait le pari de la "Gouvernance, stratégie et action en faveur de la préservation du foncier agricole". De la même façon qu’elle fait appel à l’Etablissement public foncier local (EPFL) pour acquérir du foncier en vue de créer des logements sociaux, elle pourra, en lien avec la Safer, l’EPFL et Lurzaindia, acquérir du foncier dans le but de maintenir une activité agricole sur le territoire et assurer l’installation de nouveaux paysans, en limitant le phénomène de spéculation et en s’impliquant pour la "nécessaire mutation énergétique et écologique du territoire". Pas sans cahier des charges bien défini, suggère le conseiller communautaire Iker Elizalde, "afin que cette politique s’inscrive dans une véritable démarche de qualité".

La CAPB prend l’engagement également d’une "alimentation saine et durable pour tous". "Nous voulons lutter contre la précarité alimentaire et contre le gaspillage", présente Martine Bisauta, vice-présidente en charge de la Transition énergétique. Il s’agira également de mener "une vraie réflexion sur la restauration scolaire". Lucien Betbeder, maire de Mendionde, préconise de "maintenir le cap du bio, seul à répondre au défi climatique". Il sait de quoi il parle : la cantine scolaire de sa commune se fournit presque à 100 % en bio et local.

Martine Bisauta appelle à un véritable "débat économique" y compris avec les géants de la grande distribution. "Il ne faut pas oublier que 70 à 80% de la population fait ses courses au supermarché" rappelle l’élue écologiste.

"Un jour il sera trop tard"

La CAPB s’engagera aussi à "contribuer à la transition écologique et énergétique". Un sujet qui a passionné l’assemblée, notamment sur la question des énergies renouvelables. Le conseiller communautaire Xavier Lacoste, maire d'Irissarry, miserait sur l’éolien ; Guillaume Barucq, lui, plutôt sur la force des vagues.

Les revendications pour plus de justice sociale et climatique, dans l’air du temps, n’ont pas échappé aux élus territoriaux. "Elles nous invitent à changer de vue sur nos politiques. Un jour, il sera trop tard", a affirmé Jean-René Etchegaray. Le bâtiment est construit, reste l’agencement intérieur. Le projet communautaire devrait être dévoilé au prochain conseil communautaire, fixé au 2 février 2019.

Politiques socles :

1. Urbanisme et aménagement de l’espace
2. Habitat et gens du voyage
3. Infrastructures et mobilités
4. Développement économique
5. Equipements sportifs et culturels et de service à la population
6. Gestion intégrée du cycle de l’eau
7. Prévention, collecte et valorisation des déchets

Politiques volontaristes :

8. Agriculture, agroalimentaire, pêche
9. Enseignement supérieur, recherche et formation
10. Politique linguistique
11. Climat, air, énergie et biodiversité
12. Alimentation durable
13. Tourisme
14. Partenariats culturels
15. Cohésion sociale
16. Aménagement numérique

Politiques de développement territorial :

17. Ingénierie communautaire aux territoires, développement urbain et rural
18. Politique de la ville
19. Montagne
20. Littoral et Océan
21. Coopération transfrontalière, européenne et internationale