Bruno GOYENECHE

Premières réflexions sur le logement

Les bailleurs sociaux s'inquiètent également de la santé de la construction face au plan logement voulu par le gouvernement. © Flickr
Les bailleurs sociaux s'inquiètent également de la santé de la construction face au plan logement voulu par le gouvernement. © Flickr

L’Union des Architectes-SIA 64-40, affiliée à l’UNSFA (Union des Syndicats Français d’Architectes), membre adhérent au Conseil de Développement du Pays Basque (CDPB), a participé à la première réunion de la commission Habitat du jeudi 22 novembre, représentée par Madame Pascale Hidalgo Perez, architecte à Hélette.

Nous remercions le CDPB de nous donner la possibilité d’y apporter la contribution des architectes du Pays Basque. De nombreux jeunes architectes, souvent originaires du département 64, récemment diplômés de l’Ecole de Bordeaux (l’ENSAP, http://www.bordeaux.archi.fr/) ou de celle de Donostia (l’ETSA, https://www.ehu.eus/ es/web/arkitektura) se sont installés en Pays Basque Nord ces dernières années : nous souhaitons tout particulièrement avoir la possibilité de leur donner la parole dans ce processus qui engage l’avenir.

En préambule du déroulement de cette consultation –d’une durée d’environ trois mois– destinée à enrichir le PLH (https://www.communaute-paysbasque.fr/les-politiques-publiques/amenagement-et-habitat), nous allons vous adresser nos premières réflexions sur le logement et la politique publique qu’il nous semblerait souhaitable de mettre en œuvre dans la CAPB avec un certain nombre de propositions précises dans les nombreux domaines concernés : urbanisme, aménagement du territoire, politique foncière, règles et procédures administrative, etc.

Au Pays Basque comme dans les autres régions, en abandonnant la production des logements aux seules lois du marché, on ne pourra qu’empiler des constructions susceptibles de dégager les meilleures marges, sans se soucier de la qualité…

Une politique publique est à mettre en œuvre pour garantir la préservation des paysages naturels et du patrimoine bâti et “en même temps” réaliser des constructions nouvelles de qualité.

En premier lieu, pour atteindre ce but, il est nécessaire de confier la conception de ce cadre de vie aux acteurs spécialement formés pour cette mission et dont c’est la vocation, consacrée par la loi du 3 janvier 77 sur l’Architecture (“La qualité architecturale est une expression de la culture. Elle est d’intérêt public”) : évidemment les architectes, en partenariat avec tous les autres acteurs de ce cadre de vie, sans oublier les maîtres d’usages, les citoyens.

Certaines règles essentielles nous semblent devoir être impérativement respectées :

– Ne pas réduire la mission de l’architecte au seul permis de construire… Toutes les analyses démontrent qu’une diminution de la mission de l’architecte conduit à une baisse de la qualité et à un surcoût en phase de travaux et en maintenance. Avec un architecte, indépendant et responsable, on construit mieux, plus vite et moins cher !

– Renoncer aux marchés globaux, aux conceptions-réalisations et aux maîtrises d’œuvres publiques de “prestations intégrées” : car un maître d’œuvre asservi à des intérêts particuliers ou marchands n’est pas en mesure de contrôler celui qui le rémunère. Le bon sens pour réaliser un habitat de qualité est de donner à la maîtrise d’œuvre les moyens de bien exercer sa mission, en la rémunérant convenablement et en lui donnant le temps de concevoir un bâtiment performant

– Choisir un projet et non pas un montant d’honoraires, en organisant des consultations sur concours qui permettent aux élus et aux citoyens de visualiser le projet et de se l’approprier. Le Prix du projet citoyen créé par l’UNSFA en 2001 illustre l’engagement des architectes en faveur des démarches participatives, associant les trois acteurs clés d’un parcours de concertation exemplaire : maître d’ouvrage, maître d’œuvre-architecte et maître d’usage-citoyen. Le prix 2016 a récompensé une réalisation du COL à Bayonne : Terra Arte.

– Pour information complémentaire, la dernière édition du “Guide relatif à la prise en compte du coût global dans les marchés publics de maîtrise d’œuvre et de travaux” établi par la Direction des affaires juridiques du ministère des Finances, indique : “La conception ne pèse guère que 2 % du coût global contre 10 % du coût immédiat. Cependant, les choix opérés lors de cette phase engagent 10 % des coûts de réalisation (investissement) mais 90 % du coût global. Il est donc essentiel d’accorder à la conception l’attention qu’elle mérite” (https://www.economie.gouv.fr/daj/guide-relatif-a-prise-en-compte-cout-global-dans-marches-publics-maitrise-doeuvre-et-travaux).