Goizeder TABERNA

Les abertzale dénoncent l'immobilisme face à l’entourloupe

Un an après avoir dénoncé la manœuvre d’un promoteur immobilier à Saint-Jean-de-Luz, Euskal Herria Bai, Herri Berri et Aitzina ont déploré le manque de réaction des institutions.

Les projets immobiliers excédant dix logements doivent réserver 30 % à du social. © Bob EDME
Les projets immobiliers excédant dix logements doivent réserver 30 % à du social. © Bob EDME

Une grue s’érige derrière la polyclinique de Saint-Jean-de-Luz, les murs de la troisième résidence montent encore. L’an dernier, à la même période, Euskal Herria Bai, Herri Berri et Aitzina, avaient dénoncé ce programme immobilier présenté comme trois projets distincts. Mercredi 5 décembre, ils sont revenus sur le chantier situé sur le chemin de Chingaletenia et se sont enchaînés pour dénoncer l’immobilisme des pouvoirs publics face à cette "bidouille".

"Ici magouille immobilière, noiz arte ?" (jusqu’à quand, en basque) dit la banderole, posée sur la grue. Les critiques visent la municipalité luzienne et la Communauté d’agglomération Pays Basque. "On pouvait s’attendre à ce que quelqu’un vérifie l’abus de droit par le promoteur Frédéric Orard", s’est étonné le porte-parole Peio Etcheverry-Ainchart. En plus de la vingtaine de personnes rassemblées derrière lui, un autre groupe de militants s’est rendu à l’agence du promoteur, à Anglet, pour distribuer des tracts.

En l’absence d’initiative des autorités, le message transmis serait celui de la liberté totale pour les  promoteurs qui contournent l’obligation de construire des logements sociaux, d’après les abertzale. Concrètement, sur les 27 logements prévus chemin Chingaletenia, neuf auraient dû répondre à ces caractéristiques si le promoteur avait formulé une seule demande de permis de construire. "Il se peut que juridiquement la manœuvre soit difficile à débusquer, mais moralement, c’est indéfendable", a insisté le conseiller municipal d’opposition abertzale. "Ce type de promoteurs, on n’en veut pas". Les services de la Ville le reconnaissent : "moralement, ce n’est pas bien, mais légalement, c’est possible. La société immobilière a trouvé la faille et nous, nous ne pouvions pas savoir que derrière ces trois demandes de permis, se trouvait la même personne".

Lenteur de la révision du PLU

Dans cette commune où les terrains libres se font rares, les abertzale ont demandé de baisser le seuil pour construire des logements sociaux de 10 logements à cinq. Selon cette règle, sur les 27 logements construits sur le terrain en question, neuf seraient de nature sociale. La demande avait été formellement formulée en mai 2016 et la lenteur de la révision du plan local d’urbanisme (PLU) provoque de l’impatience. D'autant que dans cette zone, 80% des habitants rempliraient les conditions pour pouvoir prétendre à un logement social.

"Le seuil de déclenchement de la construction de logements sociaux sera modifié lors de la révision du PLU", assurent les services de la Ville. Le conseil municipal sera amené à se prononcer sur la révision d’ici le mois de mars et le conseil communautaire pourrait arrêter le projet de PLU en juin. Ainsi, l’obligation de construire 30% de social pourrait être appliquée pour des projets moins importants, mais le seuil n’est pas encore défini.