Willy ROUX

Des petits touche-à-tout

Pelote • Débuter en pratiquant différentes spécialités, une tendance qui se développe progressivement dans les écoles de pelote.

Les apprentis pilotari peuvent s'essayer à plusieurs modalités. © I. MIQUELESTORENA
Les apprentis pilotari peuvent s'essayer à plusieurs modalités. © I. MIQUELESTORENA

La chistera, c’est ce que je préfère ! J’arrive mieux à attraper les balles et à les lancer”, affirme Paco, 6 ans. Avec ses camarades, Mikel, Allande, Iban et Kaiet, le garçonnet vient de terminer son entraînement au trinquet rural de Gabat. En l’espace d’une heure, ces débutants du club Amikuze de Saint-Palais auront joué à trois spécialités de la pelote : la main nue, le xare puis la chistera. Et chacun y va de sa petite préférence. Iban, 7 ans, est lui plus à l’aise à la main nue car “c’est plus facile à lancer” et il “peut tirer plus fort”. Depuis 2011, sous l’impulsion de son co-président Jean Goux, le club amikuztar propose aux jeunes pilotari rejoignant le club de pratiquer la mixité des disciplines durant les deux premières années de leur formation.

Le pilotari indépendant, Antton Amulet, encadre depuis le début ces créneaux d’entraînements rythmés. “Tous les quarts d’heure, nous changeons de spécialité, c’est beaucoup plus ludique. Cela permet aux enfants de rester concentrés”, analyse l’animateur. Vers 7 ou 8 ans, les enfants sont libres de choisir de se spécialiser et de poursuivre dans une ou deux disciplines. “Nous ne forçons les enfants à rien. Nous sommes là pour les orienter vers la spécialité dans laquelle ils sont le plus à l’aise. Chaque spécialité est complémentaire l’une de l’autre pour le placement et la coordination”, complète un autre éducateur du club, Florian Mendiburu.

Depuis quelques années déjà, le club d’Endaiarrak poursuit la même approche ludique que celle de Saint-Palais. Chaque samedi matin, durant une heure, une dizaine de pilotari en herbe, âgés de 4 à 7 ans, suivent les consignes de Bingen Martin-Daguerre. A Hendaye, sur la côte basque, au menu des enfants, filles et garçons mélangés, main nue, pala et chistera à l’aide d’un gant “mieux adapté aux enfants” trouvé dans une grande enseigne spécialisée dans le sport. Après une “incontournable phase d’échauffement”, les enfants s’initient à chaque spécialité en petit groupe lors d’ateliers tournants.

“Dans le parcours du pilotari, la première étape, quel que soit l’âge, est une initiation globale, explique Bixente Prada, entraîneur de main nue auprès des jeunes d’Endaiarrak. Les enfants apprennent à avoir des repères corporels, à développer leur psychomotricité et l’ambidextrie”. La mixité du groupe permet également d’ouvrir les spécialités. “Avant, c’était ancré. Les filles étaient automatiquement dirigées vers la pala. Ici, elles peuvent jouer à main nue et à joko-garbi. Il n’y a pas de prédéterminisme, poursuit Bixente Prade. Il y a tout un socle d’habitudes et de coutumes à déconstruire au sein des clubs”. Un avis partagé par Bingen Martin-Daguerre : “Nous voulons apporter une nouvelle touche à l’apprentissage de la pelote. La guerre entre sections internes dans les clubs a vécu”.

Tendance à la mixité des disciplines

La tendance à la mixité des disciplines commence lentement à se propager en Pays Basque Nord. Cette année, à Sare, un dimanche par mois, les pilotari entre 6 et 8 ans peuvent participer à un entraînement “découverte” avec différentes spécialités. La main nue, la pala, la chistera et le xare sont proposés. “Nous démarrons petit à petit car ce n’est pas facile de changer les habitudes dans les écoles de pelote. Souvent dans les clubs, les enfants se spécialisent trop tôt”, constate Ellande Alfaro, éducateur à la Sarako Izarra Pilota. “Chaque enfant doit trouver son équilibre en fonction de sa personnalité”. Le Comité Territorial Pays Basque de Pelote Basque soutient et pousse au développement de ces initiatives multidisciplinaires et mixtes lors de la formation des plus jeunes. Ainsi, elles devraient continuer à se diffuser dans les écoles de pelote. Le club d’Ascain est déjà venu observer les pratiques d’Endaiarrak…