Béatrice MOLLE-HARAN

Accueil des migrants : Bayonne et l’Agglo s’engagent

La Ville de Bayonne a ouvert un local chauffé et aménagé pour l’accueil des migrants en transit, et livrera des repas chauds quai de Lesseps. Sept surveillants de nuit vont être embauchés pour ce lieu accueil-étape.

"On me demanderait d’être indifférent ! J’ai pris cette mesure en conscience, car c’est l’urgence humanitaire et aussi une source d’insécurité qui peut être générée. Les migrants sont en transit chez nous. Cette population, elle est là et il faut prendre les meilleures mesures possibles", nous explique Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne, ville qui a décidé l’ouverture d’un local de 200 m2 quai de Lesseps afin d’abriter les migrants.

Jusque-là, les migrants étaient Place des Basques à la recherche d’un "bus Macron", leur permettant de se rendre à Paris, Toulouse, Bordeaux ou autres grandes villes. Aidés par des bénévoles débordés leur distribuant plats chauds et vêtements. Déjà la semaine dernière Jean-René Etchegaray avait réuni les services de la préfecture, de la CAPB (Communauté d'agglomération Pays Basque) et les représentants d’Atherbea. Objectif : organiser la mise à l’abri de ces migrants transitant à Bayonne sans la moindre ressource et confrontés à l’arrivée de l’hiver et de ses aléas.

Il a donc été acté par la mairie de Bayonne l’ouverture  de ce local, lieu d’accueil étape d’une capacité de 100 personnes permettant aux migrants de se restaurer, se laver et de passer une nuit au chaud. Bien que s’agissant de la mise à l’abri d’un public en transit, le lieu n’a pas vocation à être équipé de lits, ou autres matériels habituellement déployés en cas d’hébergement plus durable.

Par ailleurs, la CAPB se mobilise par le biais d’une aide alimentaire en urgence avec un accompagnement professionnel via Atherbea. Sept surveillants de nuit et agents d’accueil (hommes ou femmes) vont être recrutés pour ce "point d’étape", n’étant pas un lieu d’hébergement comme on peut le rencontrer dans d’autres contextes, mais une mise à l’abri d’un public qui n’a aucune intention de se fixer, même quelques jours, à Bayonne, précise J.-R. Etchegaray.

Autre initiative, la mairie a déplacé provisoirement la gare routière près du quai de Lesseps, afin de faciliter l’accès aux "bus Macron". Pour Jean-René Etchegaray, "le contexte est exceptionnel et inédit à cette hauteur-là" avec de plus la proximité de l’Etat espagnol. "Je ne suis jamais rien qu’un maire d’une ville par laquelle transite cette population. Sous la pluie, dans le froid, il y a des enfants, des nourrissons. En conscience, je me dois de trouver des conditions dignes pour tout être humain désirant poursuivre sa route".

Associations et bénévoles sur le pont

Entre autres associations, la Cimade, la Croix Rouge, Etorkinekin, Atherbea, Secours catholique, Secours populaire, Diakite (nouvellement créée provenant d’un collectif d’étudiants en droit et présidée par Maite Etcheverry) sont sur le pont depuis l’afflux des migrants à Bayonne. Diakite, créée pour la circonstance, organisait des distributions de repas et vêtements Place des Basques à Bayonne. Désormais ces distributions auront lieu au local du quai de Lesseps.

Pour Kloe Etxamendi, membre de Diakite, l’ouverture de ce local "est un maxi plus ! Car c’est un abri et vu le temps qu’il fait et qu’il va faire, c’est un soulagement. Par ailleurs au niveau du stockage de la nourriture et des habits, cela résout des problèmes. Et le fait que des personnes, dont le nombre est variable, puissent dormir là, est aussi rassurant". Quant aux futures relations entre ces bénévoles et les futurs surveillants de nuit, la jeune femme estime qu’il y aura entente entre eux. Entre 80 et 100 personnes sont accueillies quotidiennement. La livraison de repas complets le midi pour une centaine de personnes et l’achat de denrées pour permettre aux bénévoles de fabriquer les repas le soir ont été enclenchés. La CAPB a pris le relais et assure la prise en charge financière. Une complémentarité concrète entre bénévoles et institutions.