Laurent PLATERO

Le street-art sculptural s’impose à Bayonne

Avez-vous remarqué ces petites sculptures qui poussent la nuit dans les rues de Bayonne ?

L'une des deux pièces réalisée par les sculpteurs masqués. © Laurent PLATERO
L'une des deux pièces réalisée par les sculpteurs masqués. © Laurent PLATERO

Depuis plusieurs mois à Bayonne, des petites sculptures naissent sur les murs, se fondant dans l’architecture de la ville. Elles sont collées en hauteur, souvent proches des panneaux mentionnant le nom des rues. Installées la nuit, ces pièces en calcaire d’une dizaine de centimètres de côté représentent des édifices, tels les temples et les colonnes propres aux administrations.

C’est un duo d’artistes qui s’active à la réalisation de ces ouvrages discrets et très esthétiques. Sous couvert d’un anonymat qu’ils souhaitent “pour l’instant” conserver, les sculpteurs masqués préparent leurs œuvres puis profitent d’une promenade à Bayonne pour les mettre en place. Si l’acte est prémédité, c’est dans le cadre d’une sortie aussi coutumière qu’un cinéma ou un restaurant que le duo agit.

“Bayonne est tellement jolie, on voulait faire quelque chose qui lui ressemble. On n’y vit pas mais on l’adore. Nous avons toujours eu envie de faire des œuvres de street-art, mais il fallait trouver du nouveau. Des sculptures en pierre, je ne pense pas que ça se fasse beaucoup”, explique l’un des deux membres.

Le propre du street-art

Par la représentation de monuments semblables à des banques ou des palais de justice, le duo dénonce un système dirigé par la finance. Une manifestation qui n’empêche pas la réussite technique et artistique de ces petites sculptures. Elles sont situées rue de Luc, rue Argenterie, rue Tour-de-Sault, impasse Sainte-Catherine, ou rue de l’Esté. Elles se propagent encore et de nouvelles venues parsèment peut-être la ville depuis l’écriture de ces lignes.

À l’heure où le street-art s’apprête pour une deuxième année à parsemer des façades d’immeuble lors du festival “Points de Vue”, voici une utilisation de l’art en milieu urbain qui n’a pas attendu des autorisations de copropriétés ou des subventions municipales pour s’imposer. Un acte propre à l’art “street”, par cette mise en place contrainte d’une création accessible à tous, et parfois réservée aux regards des plus curieux.

Le format joue évidemment dans cette faculté à “pousser” par surprise, le duo collant une pièce en quelques instants, là où les fresques géantes et encadrées du festival s’appliquent en plusieurs heures. Bayonne, quant à elle, poursuit son objectif de musée à ciel ouvert.