Antton Etxeberri

Hôtel du Palais de Biarritz : un projet de 85 millions d’euros

Le conseil municipal de Biarritz de ce lundi soir devrait être animé. Son seul sujet à l’ordre du jour, l’Hôtel du Palais : le plan de financement des travaux et son mode de gestion. Si les montants des travaux annoncés par le maire devaient atteindre 65 millions d’euros, le coût total du projet dépassera finalement 85,6 millions d’euros, selon un document confidentiel que MEDIABASK s’est procuré.

Les administrateurs de la société d'exploitation de l'Hôtel du Palais ont défendu l'urgence et la nécessité des travaux, le 8 octobre. © Aurore LUCAS
Les administrateurs de la société d'exploitation de l'Hôtel du Palais ont défendu l'urgence et la nécessité des travaux, le 8 octobre. © Aurore LUCAS

Dans un premier temps, le budget des travaux de l’Hôtel du Palais ne devait pas dépasser 50 millions d’euros, répétait Michel Veunac. Le maire de Biarritz annonçait le 30 juillet dernier que l’opération avec Hyatt, le groupe hôtelier choisi, allait finalement coûter 65 millions d’euros. Soit exactement le montant des travaux estimé avec le précédent candidat Four Seasons, montant qui avait fait capoter les négociations.

Ce vendredi 12 octobre, MEDIABASK publiait un article qui reprenait l’argumentaire du membre de l’opposition, Jean-Benoît Saint-Cricq, favorable au projet de nouveau mode de gestion du palace de Biarritz présenté par M. Veunac. Celui-ci présentait un coût total du projet s’élevant à 79,9 millions d’euros, détaillé ainsi : coût des travaux (56 millions), coût de fermeture (4,4 millions), taxes (0,6 millions), remboursement dettes (11,8 millions), frais financiers (3,4 millions), préfinancement gages (3,6 millions). Ces mêmes chiffres apparaissaient en page 48 parmi les 600 pages du dossier qu’ont pu consulter l’ensemble des conseillers municipaux qui le souhaitaient.

MEDIABASK s’est procuré un document confidentiel distribué aux membres du conseil d’administration de la Socomix, société exploitante, et qui révèle que le budget total du projet de la mairie s’élève en fait à 85,6 millions d’euros, dépassant de 5,7 millions d’euros le budget colossal déjà présenté par M. Saint-Cricq. C’est ce document qui a permis à la Ville d’obtenir des banques un accord d’emprunt de 50 millions d’euros.


Tableau apparaissant dans un document confidentiel remis aux administrateurs de la Socomix.

Dans ce tableau, les coûts de fermeture durant les travaux atteignent 7,9 millions, et non 4,4 comme le présentait l’élu. Pour expliquer cette différence de 3,5 millions d’euros, les défenseurs du projet justifient que les mois de juillet et août 2019 apporteront une trésorerie liée à l'activité de l'Hôtel du Palais correspondant à cette somme, en espérant que cette prévision de trésorerie se confirme… Enfin, des frais de mise en place de l’opération et des honoraires pour un montant de 2,1 millions d’euros n’ont pas été comptabilisés par M. Saint-Cricq.

Trois élus de la Ville qui siègent à la Socomix ont été sollicités par MEDIABASK pour confirmer ces chiffres. Si chacun des administrateurs de la Socomix a d’abord rétorqué qu’ils avaient un devoir de réserve concernant ces informations, les attitudes ont changé quand ils ont su que MEDIABASK détenait le fameux document. Guillaume Barucq, adjoint au maire : "de par mon droit de réserve, je peux vous dire seulement que je n’infirme pas ces montants. Il est aberrant que ces chiffres ne soient pas connus de tous. Je demande qu’on communique autour des chiffres réels tout compris". De leurs côtés, les propos de Virginie Lannevère et Anne Pinatel, toutes les deux également administratrices de la Socomix, sont plus directs : "à l’écoute de ces montants, je vous confirme que ce sont bien les montants réels du projet".

Compte-tenu des surcoûts inévitables, les opposants à ce projet craignent qu’au final, l’opération puisse atteindre les 100 millions d’euros, et s’interrogent : "qui va payer la différence ?". L'arrivée de l’investisseur JC Decaux Holding, qui semble être le seul parmi les intervenants en mesure de pouvoir assumer un tel surplus, n’aidera pas à rassurer les opposants, qui redoutent que la holding prenne le contrôle du Palais. Peut-être plus vite que prévu.