Anaiz Aguirre Olhagaray

Quand les cheminots entraient en résistance contre Vichy

Le 10 août 1944, les cheminots parisiens entamaient une vaste grève insurrectionnelle contre le régime de Vichy. Leurs successeurs ont commémoré ce matin cette page de l’Histoire, à la gare de Bayonne.

"La grève active des cheminots sera un acte majeur, décisif dans la libération de Paris le 25 août 1944" a rappelé Julien Delion. © Bob Edme
"La grève active des cheminots sera un acte majeur, décisif dans la libération de Paris le 25 août 1944" a rappelé Julien Delion. © Bob Edme

Ils ne sont que quatre ce matin, vendredi 10 août, à s’être déplacés à la gare de Bayonne pour y commémorer l’acte de résistance de leurs prédécesseurs. Il y a 74 ans jour pour jour, les cheminots parisiens se mettaient en grève pour exprimer leur refus de collaborer avec le régime de Vichy.

Devant la plaque commémorative accrochée dans la gare de Bayonne, Julien Delion, conducteur de trains et syndicaliste CGT a rappelé cette page de l’Histoire. "De 1939 à 1944, sous le régime de Vichy, les cheminots ont été réquisitionnés et obligés de travailler. Ils menaient des actions avec des organisations, ils faisaient du sabotage ou empêchaient que des trains passent. Mais à partir du 10 août 1944, ils se sont mis officiellement en grève. Dans tous les dépôts ça s’est soulevé, et à ce moment-là ils ont refusé de continuer à faire des trames vers les camps de la mort et de participer au régime de Vichy". Une résistance qui a valu aux cheminots insurgés un aller simple pour les camps de la mort.

Le syndicaliste déplore l’absence ce matin du chef de gare, et le peu de considération pour les cheminots basques morts dans les camps. "On voit tout le respect qu’ils ont pour nos aînés et pour le service public", lâche-t-il. Pour le cheminot, cette indifférence est révélatrice de la situation actuelle et des trois derniers mois de grève.

"Dans les années 30, il y avait tout un tas de compagnies de chemin de fer privées, qui étaient en faillite totale. La SNCF a été créée en 1936 pour renationaliser le réseau. Il faut être fiers de cette histoire-là !" a-t-il martelé avant de lire la déclaration de la section locale de la CGT.