Goizeder TABERNA

Le Gouvernement, recalé à l’épreuve de l’euskara

Le ministère de l’Education nationale français semble camper sur ses positions concernant les revendications de fin d’année scolaire dans l’enseignement en langue basque. Ce lundi 18 juin, les lycéens de Bernat Etxepare ont manifesté leur souhait de passer le bac en langue basque.

Les lycéens ne peuvent passer que l'Histoire-Géo et les mathématiques en basque. © Isabelle MIQUELESTORENA
Les lycéens ne peuvent passer que l'Histoire-Géo et les mathématiques en basque. © Isabelle MIQUELESTORENA

A ce stade avancé de l’année scolaire, les rassemblements organisés par Seaska ressemblent à des poupées russes. Une revendication en cache une autre. Les élèves de Terminale du lycée Bernat Etxepare se sont rassemblés devant le lycée René Cassin de Bayonne, à l’issue de l’épreuve de philosophie du bac. Ils ont défendu la possibilité de passer le bac en basque, ce qui n’a été que partiellement possible, encore cette année. Un statut quo qui semble être la règle.

Aucun signe d’ouverture ne semble venir du ministère de l’Education. "Ils ne veulent pas ouvrir de voie de discussion", affirme Hur Gorostiaga, le directeur de la fédération des ikastola, venu soutenir les lycéens. L’Administration s’appuie sur la loi pour refuser aux lycéens de passer les examens dans leur langue d’apprentissage. Seaska assure, au contraire, que le code de l’Education prévoit cette exception.

"Nous voulons passer le bac en basque parce que nous suivons nos cours dans cette langue", rappelle Arantza Egiguren, élèves dans la filière Economie et Social. Comme elle, depuis une quinzaine d’années, les lycéens se mobilisent le premier jour des épreuves écrites du bac. Cette fois, une soixantaine de personnes a soutenu l’appel. Les élèves de terminale passent l’histoire et géographie et, depuis quatre ans, les mathématiques en euskara, mais cela ne leur suffit pas. Ils ont envoyé un courrier au rectorat qui leur a rappelé le principe d’égalité entre tous les candidats.

La réforme du bac à venir pourrait être le moment d’appliquer différemment ce principe. C’est en tout cas ce que souhaitent les représentants de Seaska. "La nouvelle organisation pourrait lever quelques difficultés techniques", reconnaît Filipe Lascaray, conseiller principal d’éducation du lycée Bernat Etxepare. Le fait que les élèves passent les épreuves du bac dans leur établissement d’origine pourrait faciliter les choses au moment de rendre les copies en langue basque. Mais pour l’instant, rien n’est gagné.

Plus de 350 signatures

Le rectorat en appelle également à la loi sur la question du brevet. Une circulaire de 2017 laisse la possibilité de passer les deux-mêmes matières en langue basque, mais n’évoque pas la matière scientifique que les collégiens doivent passer depuis l’an dernier. Les élèves de troisième des collèges Piarres Larzabal, Xalbador et Manex Erdozaintzi Etxart vont réclamer cette option le 28 juin, devant leurs établissements. L’an dernier, les copies rendues en euskara avaient été corrigées malgré le refus affiché de l’Administration. En sera-t-il de même cette année ? En tout cas, les parents des trois collèges concernés ont décidé que leurs enfants allaient composer dans cette langue.

Dans le troisième dossier de cette fin d’année scolaire, celui des moyens accordés à Seaska, les parlementaires du Pays Basque attendent d’avoir un rendez-vous avec le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer. Plus de 350 élus locaux* ont signé la pétition demandant à l’Education nationale de respecter la convention entre Seaska, l’OPLB et l’Education nationale, et son renouvellement.

"Le ministère joue la montre, mais il ne fait que repousser le problème", a déclaré Hur Gorostiaga. Seaska réclame 25 postes supplémentaires alors que le gouvernement en prévoit 5,5. "Nous comprenons que dans des discussions, nous ayons à faire des concessions, confie le directeur, mais pour cela, il faut déjà qu’il y en ait". En attendant, la fédération des ikastola va préparer la rentrée autant que faire se peut.



* Le président de la Communauté d'agglomération Pays Basque et maire de Bayonne Jean-René Etchegaray, les quatre parlementaires (Frédérique Espagnac, Max Brisson, Florence Lasserre-David, Vincent Bru), le président du Conseil départemental Jean-Jacques Lasserre et des conseillers départementaux, des conseillers du Conseil régional (Mathieu Bergé, Alice Leiciagueçahar, Emilie Dutoya, Andde Sainte-Marie), plus de 50 maires du Pays Basque (Bayonne, Biarritz, Anglet, Saint-Jean-de-Luz, Hendaye, Boucau, Bassussarry, La-Bastide-Clairance, Mauléon…) et 300 élus des communes ont signé la pétition.