Argitxu DUFAU

Serviettes, tampons et coupes menstruelles pour toutes !

A quatre jours de la Journée Internationale de l’hygiène menstruelle, j’annonce avec émotion et solennité, à vous, lectrices et lecteurs de MEDIABASK : j’ai mes règles tous les mois ! Certains seront ravis de l’apprendre et d’autres… l’apprendront tout court ! Car oui, les règles, menstruations, “ragnagnas” ou que sais-je restent un des premiers tabou de notre société patriarcale ! Naturelles et indispensables à la vie, elles sont encore trop souvent handicapantes pour les femmes.

Depuis mes 10 ans, et ce, cinq jours tous les 30 jours, comme une immense partie de l’humanité, la valeur de deux à trois cuillères à soupe de sang coulent de mon utérus. De mon utérus à une serviette hygiénique d’abord, plus tard à un tampon et aujourd’hui à une coupe menstruelle et serviette en coton bio lavable. Un sang assez foncé et épais, à l’odeur plutôt forte. Elles sont arrivées pour la premières fois en toute petite quantité, un samedi après-midi, chez ma grand-mère. Un épisode sur le plan émotionnel touchant mais pas traumatisant malgré mon jeune âge. Sur le plan pratique : bouleversant !

Personne n’aura jamais l’idée lumineuse de mettre une poubelle dans les toilettes d’une école primaire ? Ne serait-ce dans une seule des cabines ? Oui, des jeunes filles de CM1 ou CM2 peuvent avoir leurs règles ! Merci de bien vouloir leur rendre la vie un peu plus simple ! Voilà 15 ans que je rêvais de pousser ce coup de gueule, c’est chose faite, merci !

Depuis décembre 2015, dans l’Etat français, les protections “hygiéniques” (encore faut-il qu’avoir ses règles soit sale…) (tampons, serviettes et coupe menstruelles) sont taxées à 5,5 %, au lieu de 20 %, (enfin) considérées comme des produits de première nécessité. Bien que cela reste un coût, souvent uniquement à la charge des femmes, déjà impactées économiquement par l’écart salarial femme-homme. Certes, un premier pas sur le plan économique a été franchi, reste la grande question des composantes encore cachées, de leur pollution et de leur dangerosité sur la santé des femmes…

Collecte de protections “hygiéniques”

Même si on continue à chuchoter à l’oreille de sa collègue “t’as pas un tampon ?” sans être démasquée par ses camarades masculins, puis à le glisser le plus discrètement possible dans sa poche, en règle générale, on ne va pas se mentir : en Europe occidentale, nous avons accès aux protections “hygiéniques”. Je ne parle évidement pas des femmes aux revenus très modestes, à celles qui vivent dans la rue, aux migrantes, aux prisonnières, pour qui avoir ses règles chaque mois doit être un calvaire. Au même titre que les collectes de nourriture ou de vêtements, le site internet www.regleselementaires.com informe des différentes collectes de protections hygiéniques et propose de faire des dons pour “aider les plus démunies à se protéger et rester dignes”. Pensez-y !

Elles ne sont pas les seules dans cette galère. En Inde, au Kenya ou au Népal, pour n’en citer que trois, avoir ses règles est un problème. Le manque d’accès à des protections pouvant aller jusqu’à empêcher des femmes d’aller à l’école ou au travail, premiers lieux de leur émancipation. Au Kenya, il est connu que “des jeunes filles vont jusqu’à échanger des faveurs sexuelles en échange de protections hygiéniques” (cf. Ceci est mon sang d’Elise Thébaut, livre que je vous recommande à tous !).

Pour les femmes du monde entier, exigeons l’accès à des protections “hygiéniques” ! A des produits de qualité, qui ne nuisent pas à la santé des femmes, ni à l’environnement ! Conçues et fabriquées de manière responsable ! Ce n’est ni un détail, ni un luxe !