Kattin CHILIBOLOST

Rappeler l’aspect rupturiste de Mai 68

A l’occasion du 50e anniversaire de Mai 68, ce samedi, le mouvement EH BAI organise des tables rondes auxquelles participeront des personnes engagées dans des mouvements politiques de gauche d’hier et d’aujourd’hui.

Cinquante ans après Mai 68, des alternatives continuent de se développer. © Gaizka IROZ
Cinquante ans après Mai 68, des alternatives continuent de se développer. © Gaizka IROZ

En quoi les révoltes de Mai 68 ont marqué les luttes des décennies suivantes ? Et quel peut être leur actualité aujourd’hui ?” Voilà les interrogations que propose d’aborder le mouvement abertzale EH Bai ce samedi 26 mai, à l’hôtel de Bayonne, près de Lauga. A l’occasion du 50e anniversaire de Mai 68, des représentants des luttes sociales d’hier et d’aujourd’hui viendront partager leur témoignage avec le public.

Ancien militant au PSU et à l'UNEF et responsable politique à Paris en 1968, Jean Claude Gillet fera la première intervention, prévue à 9h30. Il exposera les origines et le développement du mouvement social de Mai 68 dans sa globalité. La parole sera ensuite laissée à ceux qui, à l’époque, étaient mobilisés au Pays Basque. Parmi eux, Victor Pachon. Aujourd’hui militant du Cade, il était lycéen à Bayonne en 1968. Xane Kreckelbergh, l’une de celles à l’origine du mouvement Emazteek Diote, et Christine Meynard, qui était présente dans différentes luttes sociales de l’époque. Cette table ronde sera animée par Gisèle Lougarot, qui a consacré un ouvrage à Mai 68 au Pays Basque Nord.

“Les luttes menés en Mai 68 ont remis en question l’autorité dans tous les aspects de la vie et de la société : dans les institutions, dans le couple, dans la famille, dans l’enseignement”, souligne Dominika Daguerre qui fait partie des organisateurs de la journée. Ceux-ci déplorent que “depuis une trentaine d'années, nombre de livres, de prises de parole de figures de l’événement, ont donné une vision réductrice de Mai 68. L’aspect rupturiste de ces évènements est trop souvent mis de côté”. A travers ces interventions, ces derniers veulent rappeler que Mai 68 fut un mouvement “politique et global” qui eut un prolongement dans les années qui suivront. “Un des slogans de l’époque était ‘le privé est politique’ ”, rappelle D. Daguerre. Et elle souligne l’actualité des mouvements qui en découlent, dont celui pour les droits des femmes, des homosexuels, pour l’écologie, l’antimilitarisme... L’après-midi sera d’ailleurs consacrée à l’échange sur l’état actuel de ces mouvements.

Sur la gauche au 21e siècle

Après un pique-nique partagé, les discussions reprendront à 14 heures. Chercheur et co-fondateur du mouvement ATTAC, Christophe Aguiton partagera ses réflexions autour des projets d’émancipation au 21e siècle, vaste sujet auquel il a consacré un livre. L’auteur animera ensuite une table ronde où participeront des personnes engagées pour des alternatives au niveau local et qui remettent en cause l’ordre établi. Une représentante du mouvement Pour une Alternative féministe (PAF), un organisateur d'Alternatiben Herria, ainsi qu’un membre d’Amankomunak, le réseau des luttes d’autogestion du Pays Basque prendront la parole. Chacun présentera ses initiatives et objectifs respectifs. Txomin Poveda, doctorant en sociologie à l’université de Pau (UPPA) fera également part de la recherche “Altertzen”, qui s’intéresse aux innovations des mobilisations sociales par la création d’alternatives citoyennes en Pays Basque Nord. Des réflexions autour des possibilités pour la gauche qu’il semble important de promouvoir, d’autant plus qu’en ce moment “les politiques gouvernementales accroissent les inégalités sociales”, estiment les organisateurs. Parallèlement aux échanges organisés à l’hôtel des Basques, diverses animations sont à prévoir à Bayonne le 26 mai. Car dans la lancée du succès de la “fête à Macron” du 5 mai, un large spectre d'organisations syndicales, politiques, associatives et ONG ont lancé un appel au niveau de tout l'hexagone pour l’égalité, la justice sociale et la solidarité.