MEDIABASK

Une motion de censure destabilise un peu plus Rajoy

Le PSOE vient de présenter au congrès espagnol une motion de censure contre l’exécutif de droite. Pour transformer l’essai, il devra rassembler la majorité absolue. Les partis basques et catalans ainsi que Ciudadanos pourraient avoir un rôle d’arbitre.

L'entente entre Mariano Rajoy et Pedro Sánchez à propos de la Catalogne semble loin.
L'entente entre Mariano Rajoy et Pedro Sánchez à propos de la Catalogne semble loin.

Les condamnations prononcées jeudi 25 mai dans l’affaire de corruption Gürtel ont retenti comme un séisme dans l’Etat espagnol. Des membres du parti au pourvoir à Madrid, le Parti populaire (PP), ont été condamnés à de fortes peines de prison. Le PSOE a de suite réagi en présentant ce vendredi matin une motion de censure devant le parlement espagnol, le Congrès.

Le séisme pourrait se transformer en raz-de-marée, mais pour cela, le PSOE doit rassembler suffisamment de voix de députés, soit 176. Le parti Ciudadanos (droite) assure son soutien à une motion de censure si Mariano Rajoy n'avance pas les élections. Avec Podemos qui a déjà apporté son soutien à la motion de censure, les socialistes auraient alors suffisamment de poids.

Le parti de droite devra clarifier lundi s'il soutiendrait leur motion ou s'il en présenterait une autre. "Il y a un avant et un après", a reconnu Albert Rivera, chef de file du parti. Ciudadanos considère que la décision judiciaire affaiblit le Gouvernement dans un contexte de crise avec la Catalogne.

La seconde possibilité serait que le PSOE rassemble les voix du PNV, d'EH Bildu et des députés catalans (ERC et PDeCat), avec celles de Podemos (anti-austérité). Dans les couloirs du parlement de Gasteiz, le président de la Communauté autonome basque Iñigo Urkullu (PNV) n'a pas voulu se prononcer sur la motion de censure, estimant qu'il faut avancer "pas à pas". Il attend d'abord des explications de Mariano Rajoy, le chef de l'exécutif espagnol sur les condamnations "graves" de l'affaire Gürtel. Le PNV s'est dit ouvert à la discussion, sans pour autant dévoiler une position définitive sur la motion.

Les médias espagnols écartent la possibilité que le débat sur la motion de censure s’ouvre au parlement la semaine prochaine. Le règlement prévoit une procédure de plusieurs jours. Elle permet que d’autres candidats à la présidence se présentent d’ici là.

Peines de prison

Les responsables actuels du gouvernement ont été secoués par la décision de l’Audiencia nacional hier, leur parti étant au cœur du réseau de financement illégal Gürtel. Parmi les 37 personnes accusées, 29 devront accomplir des peines de prison et le tribunal condamne le PP pour corruption.

A la tête de ce réseau, Francisco Correa, a été condamné à 51 ans et 11 mois, le numéro deux, Pablo Crespo, à 37 ans et demi, et l’ancien trésorier du PP, Luis Barcenas, à plus de 33 années. Le parti devra payer 245 492 euros pour avoir tiré profit de ce système de financement par le biais d’anciens maires membres.

Les juges estiment que le PP avait depuis 1989 une caisse B, une structure financière et comptable parallèle à l'officielle. Cet argent illégal a permis de payer, entre autres, des frais de campagnes électorales. La caisse B du parti fera l’objet d’un second procès.