Chloé Rébillard

La clinique Belharra en grève générale

Mardi, les salariés de la clinique Belharra à Bayonne réunis en assemblée générale ont voté la grève reconductible à partir du mercredi 23 mai. Ils s’opposent à une énième restructuration qui verrait quinze postes disparaître.

Les salariés en grève ont passé la journée devant la clinique. © Bob Edme
Les salariés en grève ont passé la journée devant la clinique. © Bob Edme

Depuis ce mercredi matin, l’entrée de la clinique appartenant au groupe Capio est occupée par les salariés en grève. Cent trente grévistes ont été comptabilisés par le syndicat des représentants du personnel, la CFDT Santé social. "C’est sans compter ceux qui sont de repos ou de nuit. Les salariés de nuit ne devraient pas prendre leur poste ce soir. Il y a très peu de personnes en CDI à l’intérieur de la clinique à travailler" analyse Michèle Goya, la représentante du personnel, infirmière et membre de la CFDT.

En cause, des conditions de travail dégradées, des taux d’absentéisme qui explosent et des salariés rappelés sur leur jour de repos pour venir remplacer les postes vacants. Depuis plusieurs années, les salariés jugent ne pas travailler dans des conditions décentes. Le nouveau plan de restructuration présenté par la direction en avril 2018 a encore ajouté de l’huile sur un feu qui couvait déjà. Il prévoit quinze postes supprimés, sur un effectif de 450 équivalent temps plein, et des suppressions de RTT.

Sur le parvis de la clinique, le représentant des médecins, président de la CME (comité médical d’établissement), le docteur Philippe Salanne annonce au mégaphone une bonne nouvelle pour les salariés en grève : "Nous, médecins qui n’étaient pas informés du mouvement de grève, nous sommes réunis ce midi et estimant que dans l’intérêt des patients, nous avons une obligation de moyens humains, nous nous joignons à ce mouvement". Cette annonce a été acclamée par les quelques 150 personnes rassemblées.

Il confie : "ça devient compliqué de faire correctement notre travail. Aujourd’hui, nous en sommes à un point où on ferme un service dès qu’il y a un arrêt maladie. C’est encore arrivé ce week-end". Outre le bien-être des salariés, la question du bien-être des patients est sur toutes les lèvres.

Un dialogue difficile

En filigrane apparaît aussi la question de la nouvelle direction. Ce mouvement social inédit car il rassemble la totalité de la clinique, a aussi pour origine l’impossibilité du dialogue constatée par les salariés : "La CFDT n'a pas pour habitude de faire la politique de la chaise vide, nous sommes allés aux réunions avec la direction, mais le dialogue est très difficile" pointe Michèle Goya. La direction a réagi par communiqué et appelle les responsables du personnel à revenir autour de la table des négociations "dans un climat apaisé" afin de trouver un accord.

Dans le même communiqué, la direction accuse la CFDT de faire blocage à une "réorganisation visant à stabiliser la situation financière de l’établissement". Logique financière contre bien-être des salariés et des patients, c’est sans doute là que le bât blesse.

Les représentants du personnel ont remis un "cahier revendicatif" aux équipes dirigeantes ce mercredi à 11 heures et ont à nouveau rencontré la direction à 17 heures. "Il ne nous a rien été proposé en lien avec nos revendications. Leur réponse est une coquille vide" soupire la représentante CFDT. 

En l’absence de réponse de la direction, le mouvement de grève a été reconduit pour ce jeudi 24 mai et une nouvelle réunion est prévue avec la direction dans la matinée. Les interventions programmées ont d’ors et déjà été annulées et seuls les "soins de suite" sont assurés par le personnel médical.