Chloé Rébillard

Pas de Pepy pour le petit-déjeuner

Guillaume Pepy, PDG de la SNCF et propriétaire d’une maison secondaire à Biarritz, est venu passer le week-end sur la côte basque. Les cheminots avaient appelé à un petit-déjeuner devant chez lui, ce lundi à 10 heures.

Les cheminots ont sonné à la porte de leur PDG, viennoiseries à la main pour entamer le dialogue, sans succès. © Isabelle Miquelestorena
Les cheminots ont sonné à la porte de leur PDG, viennoiseries à la main pour entamer le dialogue, sans succès. © Isabelle Miquelestorena

Etait-il là ou pas ? La présence de Guillaume Pepy à Biarritz ce matin a fait l’objet de spéculation dans les rangs des trente cheminots qui se sont présentés à son domicile secondaire, croissants et chocolatines à la main. Le PDG n’a en tout cas pas ouvert la porte à ses visiteurs.

Guillaume Pepy arrivé vendredi en avion à l’aéroport de Biarritz avait eu le droit à un comité d’accueil restreint à son atterrissage. Trois cheminots, dont Ramuntxo Labat, membre de LAB, avaient fait le déplacement en apprenant à la dernière minute cette arrivée. "On avait plus l’impression de faire face à un communicant qu’à notre patron", déclare Ramuntxo Labat. Et ajoute : "je me suis rendu compte du décalage entre ces gens qui sont dans une réflexion sur du transport multimodal, alors que nous avons un vrai attachement au ferroviaire." D’ailleurs, le syndicaliste ne croit pas à l’avenir de Guillaume Pepy à la SNCF : "Il est déjà dans l’après, je pense qu’il va basculer très vite sur un autre poste, dans une autre entreprise et qu’il fait juste le travail que lui demande le gouvernement avant de laisser la place, sans regret ni remord."

Sur les graviers de l’allée qui mène à la résidence secondaire du PDG, les cheminots ont arboré drapeaux syndicaux et banderoles. La boîte aux lettres du résident secondaire s’est vue décorée d’un autocollant "touche pas à mon cheminot" et un dossier contenant les propositions des cheminots y a été glissées.

Vot’action

Pour Peio Dufau, membre de la CGT, l’action est aussi une manière de répondre aux propos tenus par le PDG qui avait affirmé que 80% des cheminots étaient favorables à la réforme. Il a été pris aux mots par ses salariés : les cheminots ont organisé un vote interne à l’entreprise pour connaître l’opinion majoritaire sur la réforme. "Aujourd’hui, au Pays Basque, un peu plus de 70% des cheminots ont voté. On va faire voter jusqu’à demain. Pour l’instant, 95% ont voté contre la réforme, ce qui contredit complètement les chiffres qu’il avait avancés."

L’urne du vot’action a donc fait le déplacement pour rien : elle avait été amenée pour que Guillaume Pepy puisse lui aussi participer à la consultation interne. Peio Dufau dénonce un "manque de courage" de son PDG qui aurait fait sa spécialité de glisser entre les doigts des salariés qui veulent lui parler. Le déplacement a au moins démontré une chose : les cheminots ont bien l’intention de coller aux basques de leur patron.