Chloé Rébillard

La taxe pour les transports soulève l’indignation des maires et chefs d’entreprise

Le Syndicat des mobilités a entériné le 6 avril dernier en toute discrétion le "versement transport", une nouvelle taxation pour les entreprises de plus de 11 salariés. Décision qui n’est pas du goût des entrepreneurs et des maires.

Les maires et employeurs qui demandent le retrait de la délibération ont abordé une pancarte Hitza Hitz ! ce 25 avril à Hasparren. © Bob Edme
Les maires et employeurs qui demandent le retrait de la délibération ont abordé une pancarte Hitza Hitz ! ce 25 avril à Hasparren. © Bob Edme

Le "versement transport" est une taxe sur les entreprises de plus de 11 salariés qui doit financer l’amélioration du maillage des transports sur l’ensemble du Pays Basque Nord. Elle ne s’appliquait jusqu’à présent que sur le territoire de l’ancienne agglomération Côte-Basque-Adour. Au 1er juillet, elle sera étendue à l’ensemble des communes de la CAPB. Elle doit atteindre une taxation de 2 % de la masse salariale en quatre ans, soit une taxation supplémentaire de 0,5 % par an.

Or, cette nouvelle apprise tardivement par les chefs d’entreprise concernés et les maires en a fait bondir plus d’un, au point que certains l’ont jugé renversante. "Je tombe de ma chaise !" se serait écrié Michel Etchebest, maire de Mauléon et chef d’entreprise, au dernier conseil de l’agglomération en apprenant le vote en catimini du Syndicat des mobilités, selon sa collègue Odile de Coral.

Les opposants reprochent à la taxe d’avoir une répercussion néfaste sur l’emploi. Ce mercredi 25 avril, des maires et des employeurs de tout le territoire s’étaient donné rendez-vous à Hasparren pour une conférence de presse. Chacun a égrainé les chiffres qui le concernait : 400 000 euros pour l’entreprise Lauak, 100 000 pour Lophitz, 20 000 pour la maison de retraite d’Hasparren. Tous les présents disent qu’une telle taxe aurait des conséquences soit sur les embauches prévues, soit en supprimant des postes pour y faire face.

Pris par surprise

Outre les entreprises, plusieurs maires ont également fait le déplacement à Hasparren et s’estiment pris par surprise. Au moment de la mise en place de l’EPCI unique, certains opposants, dont Claude Olive, actuel président du Syndicat des mobilités, avaient joué de cette taxe comme argument : ils prédisaient que la taxe serait étendue à l’ensemble du Pays Basque Nord dès la mise en place de la CAPB.

Or, les partisans de l’EPCI avaient alors assuré que "le taux versement transport [serait] lissé sur la période la plus longue possible". Comme le rappelle André Garreta, président de la CCI, la loi prévoit le lissage d’une telle taxe jusqu’à 12 ans, permettant aux acteurs de s’adapter. La volonté d’atteindre le plafond en quatre ans lui apparaît comme une précipitation injustifiée.

Il n’en faut pas plus pour que certains soupçonnent une vengeance de Claude Olive derrière la vitesse de mise en place de la nouvelle taxe. Odile de Coral, maire d’Urrugne, rappelle quant à elle que la taxe a pour objectif d’améliorer la mobilité : "Or, il y a des territoires qui vont payer, qui n’auront pas d’amélioration avant des années ! Je les soupçonne de financer ce qui restait à payer du tram bus."

Les opposants ont tous abordé une pancarte rouge avec l'inscription "Hitza Hitz !" (une parole est une parole, en basque) tracée en lettres blanches. Ils réclament le retrait de la délibération et l’ouverture d’une véritable concertation avec les différents acteurs locaux, employeurs et élus.