MEDIABASK

Pour beaucoup, “une avancée pour le processus”

En quelques heures, le communiqué d’ETA a fait couler beaucoup d’encre. La reconnaissance de tous les préjudices causés par l’organisation et l’empathie exprimée vis-à-vis des victimes de ses actions est une démarche inédite de sa part. C’est ce qui a été salué par de nombreux acteurs politiques. MEDIABASK a recueilli quelques réactions.

Place Paul Bert de Bayonne le jour du désarmement d'ETA. © Marisol RAMÍREZ/FOKU
Place Paul Bert de Bayonne le jour du désarmement d'ETA. © Marisol RAMÍREZ/FOKU

Vincent Bru, député (LRM)

Le communiqué d’ETA devrait contribuer à faire avancer le processus de paix, selon le député de la sixième circonscription. Il attire l’attention sur le ton et l’esprit de tolérance et d’ouverture avec lesquels est écrit le texte. "Elle était absolument nécessaire et même attendue, de même qu’est attendue la déclaration selon laquelle ETA se dissout parce que comme il est mis dans le communiqué, il faut passer à autre chose", espère-t-il. Il regarde à présent vers le sud et espère que des avancées seront maintenant possibles.

Max Brisson, sénateur des Pyrénées-Atlantiques (LR)

L’élu biarrot inscrit la démarche d’ETA dans le processus lancé à Aiete voilà sept ans. Il souligne la portée de la déclaration : "Cette déclaration constitue une avancée puisque pour la première fois, ETA exprime son 'respect pour toutes les victimes'. Elle renforce ceux qui comme moi se sont engagés dans une démarche de paix et de réconciliation. Elle n’en demeure pas moins tardive et limitée." Dans la voie de la réconciliation, il estime nécessaire la reconnaissance de toutes les souffrances et de toutes les victimes. Il conclut : "Comme parlementaire français, je m’emploierai à tout faire pour que les consciences progressent irrémédiablement vers cet apaisement que nous devons aux générations futures".

Frédérique Espagnac, sénatrice des Pyrénées-Atlantiques (PS)

Comme de nombreux responsables politiques du Pays Basque Nord, la sénatrice socialiste analyse la déclaration de ce jour à la lumière de la phase ouverte à Aiete. "La demande de pardon d’ETA aux victimes était indispensable au processus de Paix Aiete. C’est chose faite. Je tiens à le saluer !", affirme-t-elle. Et d’ajouter "La Paix au Pays Basque, néanmoins, ne sera durable qu’à condition que l’on fasse la lumière sur les faits qui concernent les autres victimes du conflit". A présent, elle attend que cette déclaration soit prise en compte dans les futures audiences de justice.

Jean-Noël Etcheverry, Txetx, Artisan de la Paix

Il relève l’importance "très particulière" que revêt la déclaration d’ETA, notamment, par son contenu et par l’écho qu’il est en train d’avoir. Jean-Noël Etcheverry, Txetx, la qualifie de "geste fort", mais ne peut que déplorer son caractère unilatéral. Il poursuit : "Il intervient dans un contexte difficile où l’Etat espagnol n’alimente pas la dynamique de la paix et au contraire, maintient la stratégie de la tension, comme on le voit aujourd’hui avec le procès contre les jeunes d’Altsasu". Il attend de l’Etat français qu’il aille plus loin et plus vite dans les démarches entreprises et attend de l’Etat espagnol qu’il rentre "dans cette logique de paix et de construction du vivre ensemble du Pays Basque".

Phillipe Texier, magistrat honoraire et expert auprès de l'ONU

Le magistrat a salué la déclaration d’ETA, relevant l’importance des termes choisis. Pour aller plus loin sur la question des victimes, il défend "la mise en place d’une commission de la vérité où tout serait dit, où les victimes des deux côtés puissent s'exprimer et qu'il puisse y avoir une sorte de catharsis où les choses soient à la fois reconnues, admises et ultérieurement, puissent être pardonnées. Peut-être même qu'il n'y aura jamais de pardon, mais l'important est que la vérité soit dite, connue et reconnue. Ca me parait pratiquement la prochaine étape nécessaire".

Paul Rios, ancien coordinateur de Lokarri

A la lecture du communiqué d’ETA, l’organisateur de la conférence d’Aiete en 2011 reconnaît avoir été très surpris. "Je considère que les faits accomplis par ETA ont été très injustes, mais je reconnaît que ces paroles vont beaucoup plus loin que ce que j’aurais jamais pu rêver".