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Mathieu Bergé : “Pour exercer nos compétences nous devrons toucher à la fiscalité”

Conseiller communautaire, élu à Bayonne, et conseiller régional, Mathieu Bergé (Génération.s) estime qu’il faut reconsidérer le pacte fiscal voté par l’ensemble des élus communautaires lors de la création de l’agglomération basque. Une idée qu’il a remise sur la table lors du débat budgétaire de la Communauté d’agglomération Pays Basque.

Mathieu Bergé. © Bob EDME
Mathieu Bergé. © Bob EDME

Pourquoi dites-vous que le pacte fiscal validé par l’ensemble des élus de l’agglo lors de sa création est déjà rompu ?

M. B. : Il a déjà été rompu par le Syndicat de la mobilité. Si vous reprenez le pacte fiscal, il est inscrit que pour le versement transport, nous ferions un alignement le plus long possible, soit de 12 ans. Or, le Syndicat de la mobilité a voté la semaine dernière sa généralisation sur l’ensemble du territoire et son augmentation. Je ne suis pas opposé à cette taxe, mais depuis le début, je dis que le pacte fiscal n’est pas tenable. Avec un ratio de désendettement de 10,6 années, si l’on veut vraiment exercer les compétences que nous venons de prendre, nous devrons toucher à la fiscalité.

Vous dites que des choix politiques s’imposent. Pour votre part, vous privilégiez l’augmentation des impôts plutôt que la baisse des investissements ?

M. B. : Cela va plus loin, nous sommes en train de définir l’intérêt communautaire, c’est-à-dire les domaines dans lesquels la Communauté d’agglomération doit développer des politiques - quatre ateliers vont être réalisés en juin-. Maintenant, est-ce qu’on se retrouve pour discuter sur l’intérêt communautaire dans le cadre extrêmement restreint du pacte fiscal ou se donne-t-on la possibilité de le remettre en question ? Ce sont deux visions complètement différentes.

Je suis favorable au principe de la "communauté providence" comme cela a été prononcé pendant les débats. Et pour cela, nous devons toucher au pacte fiscal. Si nous avons créé une Communauté Pays Basque unique, c’est pour développer des politiques ambitieuses à l’échelle du Pays Basque. Jusqu’à maintenant, toute la capacité fiscale des transports était mobilisée pour le projet de tram’bus, ce qui est normal puisqu’il n’y avait que cinq villes qui côtisaient au Syndicat des transports. Si l’on veut développer de nouveaux transports, notamment à l’intérieur, il faut se doter de moyens fiscaux.

Les choix politiques que vous évoquez et la réflexion sur le projet communautaire en cours risquent de se chevaucher. Est-ce que vous ne mettez pas la charrue avant les bœufs ?

M. B. : Non, au moment où l’on mène la réflexion sur l’intérêt communautaire, si l’on dit que la règle du jeu est le pacte fiscal actuel, il n’y a pratiquement plus de capacité d’investissement. Et rapidement, la CAPB va se retrouver en position de surendettement. Le débat est donc faussé. L’exercice que j’inviterais à faire, est le suivant : déterminons l’intérêt communautaire et le projet de la Communauté Pays Basque, puis adaptons la fiscalité à ce projet communautaire.