Aña ETCHEVERRY

Manez eta Kobreak : un album de famille teinté de sépia

VIDEO - A la lecture du titre, on pourrait croire qu'il s'agit d'un album de photographies mais où il est question d'un certain Manez qui parle de son nouvel album de musique, quoique...

Manez. Tout le monde le connaît mais personne ne peut dire qui il est vraiment. Quand le public pensait connaître Thierry Biscary et son parcours musical, c'était sans s'attendre à le voir apparaître sous un nouveau nom de scène, emprunté à son grand-père paternel. Selon ses confidences, son nouvel album Manez eta Kobreak, sous le label de l'artiste Kalapita, serait “le symbole d'un nouveau départ, comme si je tournais la page. C'est une manière d'être là. De dire que l'on peut prendre sa vie en main, arrêter d'être ce que les autres veulent que l'on soit”. Un symbole qui sied à merveille à la thématique du fil conducteur des 13 titres qui composent l'album qui sera présenté à compter du 28 mars. A travers 13 portraits, Manez conte ces histoires, fruit d'un heureux mélange d'autobiographies et de fables avec pour décor la Basse-Navarre, ses Buhamiak, le col de Gamia, Aitatxi et Amatxi, d'une ferme à faire vivre et d'un besoin de quitter un passé sans toutefois le renier. Partir ou rester, leitmotiv de l'album. “Finalement, tous les personnages partent, même si ce n'est pas très loin”. On se retrouve dans l'intime. “Fils aîné, j'aurais dû prendre la suite de la ferme. Mon père, en plus de m'apprendre les bornes des champs, le travail et plus généralement ce que je devais savoir sur le fonctionnement de la ferme, m'a légué l'histoire de la maison, de la famille, des voisins. C'était un ‘pack’ : en plus du travail concret, on te lègue une histoire”. Tel un bagage patrimonial, c'est cette mémoire collective et particulière qui a animé Manez pour l'écriture de ces histoires pour laquelle Jon Maia, Uxue Alberdi, Xabier Euzkitze, Aurelia Arkotxa ou Itxaro Borda ont prêté la plume. Manez aura donc fini par reprendre la ferme, mais à sa façon.

De son expérience dans le milieu classique avec les sœurs Labèque et “Ensemble Bask”, Thierry Biscary a retenu le principe que le mélange des genres était bénéfique à la création. C'est donc convaincu que Manez a fédéré autour de son projet, un ensemble de sonorités et voix, et surtout de cuivre dont il souhaitait voir les éclats ambrés se refléter sur ses histoires et personnages. Entouré d'Ana Telletxea, Fermin Garaikoetxea dit Mintxo, Vianney Desplantes, Bixente Etchegaray et Laura Etchegoyhen, il a peaufiné. Si on retrouve les influences que Manez a pu réciproquement apporter et puiser dans les groupes auxquels il a appartenu tel que Kalakan ou Hegalka, les cuivres confèrent à certaines chansons un rythme de paso doble, se rapprochant parfois de la boîte à musique de notre enfance et permettent de distinguer un soupçon de Goran Bregovic, voire un petit quelque chose de Karidadeko Benta. Une conjugaison qui donne une franche chaleur aux refrains, une profondeur aux paroles elles-mêmes empreintes de nostalgies et d'espoirs.

“Ce qu'il vous manque, c'est le disque physique où vous pourriez découvrir des photos de photographes”. Franche plus-value à l'album – qui sera disponible au téléchargement – la série de photos venant illustrer la création était partie intégrante de la phase de création. Si certaines chansons ont été inspirées “directement d'une photographie existante, d'autres chansons ont nécessité que l'on prenne une photo exprès pour l'illustrer”.

La présentation au public de l'album aura lieu ce 28 mars à Bilbo. La tournée de présentation qui se poursuivra en avril, mai et juin, d'Iruñea à Bayonne en passant par Moissac, Leioa ou Hendaye. La première page de l'histoire de Manez semble écrite.