Chloé Rébillard

L'Agglo s’engage pour l’égalité homme femme

Le président de la Communauté d’agglomération Pays Basque (CAPB), Jean-René Etchegaray, a signé la Charte européenne pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans la vie locale, ce samedi 17 mars en fin de matinée. Auparavant s’est tenue une conférence pour la présenter.

Peu d'élus hommes se sont sentis concernés par la signature de la Charte pour l'égalité entre hommes et femmes
Peu d'élus hommes se sont sentis concernés par la signature de la Charte pour l'égalité entre hommes et femmes

Ambiance inhabituelle au sein de la CAPB en cette matinée du samedi 17 mars : la session qui s’ouvre voit s’installer sur les fauteuils du Conseil de l’agglomération une très large majorité de femmes. Dans une salle plus habituée à une majorité masculine, l’inversion de la proportion des genres est sans doute inédite. Et regrettée par les élues qui ont fait le déplacement pour assister à la conférence précédent la signature de la Charte pour l’égalité hommes femmes.

Pour Martine Bisauta, vice-présidente de la CAPB et animatrice de la séance, l’absence en nombre de ces collègues masculins n’est pas un bon signe : "j’ai peur que beaucoup ne se soient même pas sentis concernés par cette matinée" assène-t-elle. Et de souligner le sentiment de fatigue de devoir tout le temps justifier de combats pour l’égalité entre les genres : "on a l’impression de remettre éternellement en chantier les mêmes sujets".

Mais ce n’est pas une ambiance pessimiste qui régnait dans la salle, bien au contraire. Même si le public qui avait fait le déplacement se composait de personnes déjà convaincues par la cause, la signature de cette charte européenne pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans la vie locale, est perçue comme un bon signal et un pas nécessaire pour parvenir à une égalité réelle. Pour Claire Lataillade, membre de l’association PAF ! de la coordination Egiazko Berdintasunaren (EBA) qui a initié la réflexion à l’échelle de la CAPB, c’est un "début de satisfaction, un engagement fort des élus vis-à-vis des citoyennes et des citoyens".

Cette charte a été créée en 2006 par le CCRE (Conseil des Communes et Régions d’Europe) et est une "boîte à outils, clés en mains" selon les termes de Marie Peres, membre de EBA pour le planning familial. Elle consiste à effectuer en premier lieu une phase de diagnostic sur la situation, puis une phase d’analyse des écarts observés, enfin une phase de mise en place d’actions afin de corriger lesdits écarts entre hommes et femmes.

Pour la coordination EBA qui a porté ce projet, il ne faut pas se contenter d’attribuer une enveloppe budgétaire à l’égalité, et continuer les autres affaires comme avant. L’idée est de "chausser les lunettes de l’égalité" et d’intégrer la question pour chaque nouvelle politique mise en œuvre. En bref, d’en faire un des éléments incontournables qui doit être examiné. Selon Marie-José Mialocq, maire d’Arbonne : "pour chaque politique, nous examinons le budget, combien ça va coûter etc. L’égalité devrait être une variable à prendre en compte aussi naturellement que le budget. Toujours se demander qui va en profiter, comment met-on en œuvre cette politique ?"

Car si l’égalité hommes femmes était jusqu’à présent une colonne de plus dans la liste des sujets politiques, celles qui se sont déjà engagées dans cette voie savent que des discriminations existent dans chaque recoin de nos quotidiens, souvent de manière totalement inconsciente.

Déneigement en Suède : le besoin de politiques transversales

Une technicienne d’Igualde qui travaille depuis dix ans sur ces questions a repris l’exemple d’une commune en Suède qui, en intégrant ces problématiques dans son questionnement communal, s’est posée la question du déneigement. En faisant un diagnostic, les représentants de la commune se sont rendus compte que les voies déneigées en premier lors d’un épisode neigeux, étaient les voies majoritairement empruntées par des hommes, les routes. Les femmes étant plus nombreuses à utiliser les trottoirs, ou les voies secondaires, elles étaient reléguées au second plan. Or, il survient plus d’accidents de piétons qui dérapent sur le gel que d’accidents de voitures à cause de la neige. En inversant la logique et en déneigeant de manière prioritaire les voies de piétons et les pistes cyclables, la ville a fait faire des économies à la communauté sur la sécurité sociale sans que cela n’ait d’impact sur le budget consacré au déneigement. Et a renforcé le bien-être des femmes. 

Autre exemple, plus près de chez nous : la question des infrastructures sportives. Financées par l’ensemble de la communauté, elles sont (très) majoritairement utilisées par les hommes parce qu’elles n’intègrent souvent pas des problématiques propres aux femmes. Un premier pas serait donc de réaliser un diagnostic afin de connaître les freins à l’utilisation des infrastructures sportives par les femmes afin d’effectuer des correctifs, et de favoriser leur utilisation par les 52 % de la population basque.

De l’autre côté des Pyrénées, la question a déjà parcouru du chemin. La maire de Tolosa, Olatz Peon Ormazabal, est venue présenter les actions mises en place dans sa ville, signataire de la charte depuis 2007. Reste au Pays Basque Nord, par le biais de la CAPB, à emboîter le pas à ces avancées.