Béatrice MOLLE-HARAN

Ion Kepa Parot : une liberté conditionnelle attendue

De quelques points de vue que l’on se place quant à l’opinion sur son parcours et son engagement, n’est-il pas grand temps pour Ion Kepa Parot de recouvrer la liberté ?

Béatrice Molle-Haran. © DR
Béatrice Molle-Haran. © DR

Vingt-huit années. Une génération. Vingt-huit ans que Ion Kepa Parot croupit en prison. Accusé d’être membre du commando Argala d’ETA, se revendiquant militant basque, il a été condamné à la perpétuité et pouvait selon la loi française obtenir sa liberté conditionnelle une fois quinze années de détention purgées. Ce jeudi la Cour d’appel a fait connaître sa décision négative concernant la cinquième demande de libération conditionnelle, les quatre autres déposées par Ion Kepa Parot ayant aussi été rejetées.

De quelques points de vue que l’on se place quant à l’opinion sur son parcours et son engagement, n’est-il pas grand temps pour Ion Kepa Parot de recouvrer la liberté ? Le nouveau contexte de fin définitive de la lutte armée d’ETA proclamée unilatéralement le 20 octobre 2011, le désarmement complet acté à Bayonne le 8 avril 2017 ne sont-ils pas des gages suffisants quant à la véracité de la construction d’une étape apaisée dans notre territoire ? Une chance historique était à saisir. Car au-delà des restrictions inhérentes à l’obtention de ladite libération conditionnelle, l’élargissement de Ion Kepa Parot aurait été un signe fort d’une volonté de prise en compte concrète de l’évolution d’un territoire vers une paix nécessaire.

Malheureusement, la vengeance s'est substituée à la justice. Ion Kepa Parot a 67 ans, il en avait 39 lorsqu’il fut arrêté. Il ne s’agit pas de faire pleurer dans les chaumières mais au-delà de son cas personnel tragique, de mesurer ce que pouvait apporter une décision de justice juste. Une décision que la société civile du Pays Basque Nord attendait. Pas seulement dans le camp abertzale mais pour tout un chacun qui est persuadé que notre territoire a de fortes potentialités à développer et que l’arrêt définitif de la lutte armée est une opportunité historique.

L’interview de Max Brisson dans MEDIABASK est fort éloquente car symptomatique d’une réelle évolution. Sénateur LR de ce territoire, l’homme n’a pas d’accointances avec le mouvement basque, pourtant il s’est impliqué et a soutenu dès le départ le processus de paix. Sa formation d’historien, et donc sa connaissance de conflits antérieurs qu’a connus l’Etat français ne doit pas être étrangère à cette ligne de conduite.

Mais force est de constater qu’il n’est pas le seul dans ce cas et que nombre de politiques de formations de gauche, de droite et du centre du Pays Basque Nord ont compris l’importance de l’enjeu. Et ne cèdent pas aux sirènes grincheuses estimant qu’ils sont les alliés naïfs et idiots utiles d’une cause à laquelle ils n’adhèrent pas.

Non ! il y a dans ce pays un fort consensus avec l’appui de la société civile bien au delà de toute manipulation politique qui tombe à plat. Un consensus forcément mou pour beaucoup, faisant la part belle à l’oubli. Non ! Il n’y aura ni oubli, ni vengeance, la société basque est suffisamment mûre pour lire la page de 50 ans de conflit récent avant de la tourner.

D’aucuns estiment que sans la dissolution d’ETA, tout type de décision propice à un climat de concorde est impossible. Certes, tout mouvement allant vers le sens d’une résolution est le bienvenu. Des gestes unilatéraux auxquels devront finir par répondre d’autres gestes. Et dans ce cas précis, la simple application du droit.

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