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La fin d'ETA est soumise au vote

Après trois mois de débats et de vote, la réflexion de l’organisation indépendantiste rentre dans la phase conclusive. La résolution présentée par la direction d'ETA suggère que "son cycle" est terminé, en cohérence avec les pas franchis auparavant et avec l’objectif clair de renforcer le processus indépendantiste.

Sigle d'ETA sur un mur d'Altsasu.
Sigle d'ETA sur un mur d'Altsasu.

Après la fin de l’activité armée en 2011 et son désarmement en 2017, ETA propose à ses bases de mettre fin au cycle qu’elle avait ouvert en 1959. "Il faut renforcer le processus politique dans tous les domaines, et dans ce contexte notre décision représente un pas nécessaire pour générer de nouvelles situations (…) Nous nous devons de conclure le temps du conflit armé et les situations qui en découlent, afin de réunir toutes nos forces au service du processus politique. (…) La seule manière de le faire est que nous prenions nous-mêmes l’initiative, sans attendre quoi que ce soit ou quiconque". Telles sont les principales idées de la proposition faite par la direction d’ETA et révélées par le quotidien Gara. Les conclusions de la consultation sont attendues avant l’été.

"Dissolution", "disparition", "démobilisation", de nombreux termes sont employés dans les médias pour évoquer la fin d’ETA. Le document rendu public ce jeudi fait clairement allusion à cette fin, et évoque la fin du "cycle d'ETA et de ses fonctions". L’article note, par ailleurs, la haute participation à la consultation interne en cours et donc la solidité de la décision qui en ressortira.

Le processus s’est appuyé sur trois textes : une contextualisation historique, une synthèse de la phase qui a démarré en 2009 à nos jours et la proposition politique. Les membres d’ETA n’ont eu à voter que ce dernier, dans son intégralité. Et il devrait être suivi d’effet "de façon immédiate", informe l’article.

Dans le cas où la résolution de la direction est acceptée, la fin du cycle et de la mission d’ETA serait rendue publique et l’organisation disparaîtrait de facto. En conséquence, "ce ne sera plus un acteur qui interpelle et qui pourrait être interpellé", relève le document. Il précise, toutefois, que des tâches d’ordre technique resteraient à faire, comme par exemple, empêcher d’éventuelles "utilisations mal intentionnées du sigle d’ETA".

Pourrait être un obstacle

La direction de l’organisation évoque la "tranquillité stratégique" sur laquelle s’appuie sa proposition. Elle entend par là qu’il existe les conditions objectives suffisantes pour mener à son terme le processus de libération nationale, objectif d’ETA depuis sa création. Elle reconnaît les difficultés survenues ces dernières années et prévient que le futur n’est pas écrit. Elle affirme tout de même qu’elle a "confiance dans l’avenir".

ETA écarte complètement la possibilité de trouver une autre forme d’organisation. "La fin de la stratégie politico-militaire a marqué le début de la fin du cycle de l’organisation", évoque le document. Et d’ajouter : "Si nous voulions [lui] assurer une continuité sous la forme d’une organisation conventionnelle, nous devrions repenser tout le reste : la stratégie, les fonctions politiques concrètes et les modes de lutte et d’influence". La direction estime que le maintien d’ETA sous la forme d’une organisation civile, pourrait être un obstacle pour l’accumulation de forces politiques.

La fin de l’organisation ne voudrait pas dire la fin de sa lutte, selon la direction. "Il est très important que toute la force militante créée autour d’ETA [continue à travailler] que ce soit au sein de la gauche abertzale, dans le cadre du processus indépendantiste ou dans les mouvements populaires… Ce n’est pas le moment de rester à la maison. Au contraire, la phase politique actuelle nécessite la force et l’impulsion de tous, plus que jamais". La réflexion interne avait été annoncée en septembre dernier.