Willy ROUX

Ion Iturbe, l’invité surprise de cette liguilla

Main nue • Championnat de France Pro Individuel • Qualifié pour la finale du groupe B, Ion Iturbe s’affirme comme la révélation de ce championnat Elite-Pro.

Iturbe affrontera L. Lambert au trinquet Moderne samedi 17 février. © Bob EDME
Iturbe affrontera L. Lambert au trinquet Moderne samedi 17 février. © Bob EDME

Ion Iturbe se souvient encore du fronton de l’ikastola Itsas Argi de Biarritz. A la récréation avec sa bande de copains, il y tape ses premières pelotes dès l’âge de 5 ans. Le foot ? Il "n’a pas accroché". L’aviron ? Non plus. Pour cette force de la nature basque, 1,87 m pour 80 kilos, seule la pelote à main nue le passionne, le transcende… comme son père. Au fond du tambour, Angel Iturbe ne manque pas une miette des parties de son fils qu’il apaise calmement de ses conseils chuchotés en basque.

Derniers exploits en date, ses deux victoires express en liguilla contre Alexis Inchauspé (40 à 27) et Mikaël Palomes (40 à 17). Ces deux succès lui ouvrent les portes de la finale du groupe B avant même de disputer sa troisième partie contre Laurent Lambert (ce samedi à 16h au Trinquet Moderne de Bayonne). Et dire que le néo-pro dispute à 25 ans son premier championnat en Elite ! Il reste même à ce jour invaincu en cinq parties chez les professionnels, après avoir écarté successivement Alain Migueltorena (40 à 37), Mattin Olçomendy (40 à 27) puis Grégory Aguirre (40 à 38). "Si ça passait tant mieux, si ça cassait tant pis ! Je suis arrivé avec cette philosophie de prendre partie par partie", explique Ion Iturbe.

Comme le sauveteur en mer qu’il a été, l’arrière biarrot sait manifestement se sortir de situations périlleuses. Par trois fois, malmené dans ses parties contre Migueltorena, Aguirre et Inchauspé, Iturbe n’a jamais coulé grâce à ses nerfs d’acier. Pourtant, "le mental reste encore à travailler", assure le jeune homme au tempérament "parfois un peu trop nerveux". Le puissant pilotari a toujours pu compter sur son but, son arme fatale. Ion Iturbe totalise 73 buts gagnants en cinq parties soit une moyenne de 14 par partie ! "Si on a un mauvais but, on peut prendre un retour direct. C’est un coup difficile car je joue à l’arrière en deux à deux, je ne suis donc pas habitué à buter". Alors, à l’entraînement, il passe beaucoup de temps à buter, à prendre des marques au sol. "Il faut rentrer des buts, et rentrer des buts, et encore rentrer des buts", explique Ion Iturbe, paysagiste à la ville de Biarritz quand il n’est pas dans les trinquets.

Dès son plus jeune âge, le pilotari en herbe pousse naturellement la porte du Biarritz Athlétic Club (BAC). Alors, il se tourne d’abord vers le mur à gauche. "Nous avons vu de suite qu’il avait un gros potentiel en place libre", se remémore Lilou Echeverria, président du BAC et président de la Fédération Française de pelote basque (FFPB). Passé professionnel au club de Tolosa au Sud de la Bidassoa, Iturbe, médaillé de bronze aux championnats du monde Espoirs en individuel à Tarbes en 2012, ne perce pas. "Le niveau était trop haut là-bas et la motivation n’était plus là, reconnaît Ion Itube. Mais j’ai beaucoup appris à jouer de la gauche".

De retour au Pays Basque Nord, sous la houlette de Pampi Laduche, son entraîneur et "son mentor", Ion Iturbe revient pour jouer en trinquet. Le longiligne pilotari s’entraîne avec labeur quatre à cinq fois par semaine. Il doit rattraper le temps perdu. "En trinquet, le geste est différent. C’est vraiment plus technique, le positionnement est important", analyse le champion de France junior. Alors qu’il n’a aucun palmarès en amateurs, la FFPB lui offre l’an dernier une chance chez les pros pendant deux ans. Une nouvelle carrière débute alors pour le jardinier qui rêve de glaner des titres comme la Master de Bayonne. "Je ne suis pas étonné de son parcours. C’est un garçon très sérieux qui a tout pour réussir, poursuit Lilou Echeverria. Son succès dans ce championnat démontre que sur le plan fédéral, nous n’avons pas eu tort de lui donner sa chance". Et Ion Iturbe a pour le moment su la saisir à pleine main.