Caroline MALCZUK

À Ciboure, permis de construire contre recours

Ce mardi 23 janvier, le tribunal administratif de Pau doit étudier le recours déposé par Cibouriens et associations environnementales contre un projet de construction de logements locatifs sociaux, au bord de l'Untxin. Dans ce genre d'affaires, la commune a un sérieux passif.

Lors de la cérémonie des voeux, le 10 janvier, Guy Poulou a adressé une pique aux riverains. ©Isabelle MIQUELESTORENA
Lors de la cérémonie des voeux, le 10 janvier, Guy Poulou a adressé une pique aux riverains. ©Isabelle MIQUELESTORENA

Baptisé "Harrobia", le projet de l’Office 64 de l’habitat prévoit la construction de 93 logements locatifs sociaux (LLS) sur le bord de l’Untxin, à Ciboure, en face du lycée maritime. Un projet sur lequel la mairie de Ciboure compte beaucoup pour régler sa carence en logements sociaux en 2018.

Seulement, un recours a été déposé il y a neuf mois par des riverains et des associations environnementales. Car la résidence "Harrobia" serait construite "au pied d’un bois classé", indique Jacques Sales, habitant du quartier de Bordagain. Le bois en question devrait être en partie défriché lors des travaux. Les plaignants se sont opposés à la demande d’autorisation de défrichement.

Si c’est le tribunal administratif de Pau qui doit étudier cette affaire, ce mardi, ce n’est pas la première fois que des riverains de Ciboure déposent un recours contre un permis de construire. Le maire de Ciboure s’est d’ailleurs agacé, lors des vœux, le 10 janvier dernier : "Les riverains sont des spécialistes des recours."

Un PLU annulé
 
Il y a deux ans, en effet, l’autorisation de défrichement donnée à la société Foncière du Pays Basque et le permis de construire d'un ensemble de logements dans le quartier de Sainte-Thérèse, délivré à la société Clairsienne, avaient été annulés. Les riverains avaient gagné en première instance au tribunal administratif de Pau. Les promoteurs avaient fait appel du jugement, et la Cour d’appel de Bordeaux leur avait donné raison, poussant les Cibouriens à se pourvoir en cassation. L’affaire est toujours sur la table du Conseil d’Etat.

Pour Guy Aubertin, membre de l’association Sainte-Thérèse préservée, "le bétonnage se fait au détriment de la conservation de la nature" et la "municipalité veut toujours passer en force au mépris de la population". Lui critique un principe de construire pour construire. La mairie réplique que la loi SRU oblige la commune à solutionner sa carence en logements sociaux.

En 2015, l’action des riverains et du préfet de l’époque, Éric Morvan, avait en revanche bien abouti. Car le Plan local d’urbanisme (PLU), validé par la commune en 2013, avait été purement et simplement annulé le 27 janvier de cette année-là par le tribunal administratif de Pau. Mais "après de nombreuses péripéties et rebondissements, l’élaboration de notre PLU semble enfin toucher au but" a voulu rassurer le maire Guy Poulou, en ce début d’année 2018.

Des contraintes naturelles

Lors des vœux, il a souhaité rappeler que les contraintes naturelles sont nombreuses à Ciboure. Avec la loi Littoral, les Espaces boisés classes (EBC), la loi NOTRe, les lois Grenelle 1 et Grenelle 2... "Pourtant, les besoins en logement de notre population croissent d’année en année" souligne-t-il. Et "le périmètre communal ne bouge pas, lui !"

En attendant, plusieurs projets de construction sont bien en cours. En 2017, 78 logements collectifs ont été créés sur le quartier Sainte-Croix via les ensembles "Patio d’Ainara" et "Loraldie". Et le permis de construire pour l’ensemble "Oihanna", en cours d''instruction par les services de l’État, prévoit la création de 40 logements. Sans parler du projet "Harrobia" dont le sort va être scellé.

Du côté des riverains, l’inquiétude grandit en même temps qu’augmente le nombre de signataires de la pétition "Préservons les derniers espaces naturels des hauts de Ciboure-Saint-Jean-de-Luz sur la Côte Basque". Adressée au ministre de la Transition écologique et solidaire et au président de la Communauté d’agglomération Pays Basque, 11 280 personnes y font part de leurs craintes d’une "urbanisation tentaculaire" et d’une "course au bétonnage". Mais surtout du "grignotage des derniers espaces verts et naturels de Ciboure" où les terrains sont devenus une denrée rare.